Co-Fondateur / Chroniqueur spécialisé dans le post-rock, shoegaze, sludge, synthwave et musique progressive en général.

La synthwave, bien qu’encore jeune relativement à l’histoire de la musique électronique dont elle est issue, possède déjà ses codes et artistes de référence. Perturbator est un de ces artistes, et sur Lustful Sacraments, ces codes sont réinventés. Si musicalement les références habituelles du genre à la musique des années ’80 sont toujours présentes, les thèmes abordés sont complètement nouveaux pour l’artiste français. En effet, nous ne sommes plus ici confrontés à un monolithe de science-fiction dystopique comme sur ses albums précédents, mais plutôt face à une oeuvre plus intime, aux tonalités plus gothiques que futuristiques.

Ce changement pour l’artiste n’est pourtant pas tout de suite évident, puisque l’album commence par un « Reaching Xanadu » aux sonorités industrielles qui font le lien parfait entre ce nouvel album et le précédent, et marque la césure entre ces univers d’un fracas de verre brisé. C’est à partir du morceau éponyme que Perturbator indique la route que le reste de l’album va suivre, avec un morceau qui introduit avec conviction ses influences post-punk : une caisse claire typique, un chant distant et désabusé, mais surtout cette froideur propre au genre. Le morceau, tout comme le reste de l’album, est une lettre d’amour au post-punk, mais bien sûr la patte Perturbator est toujours reconnaissable entre mille, et le morceau évolue vers des mélodies hypnotiques et changements de rythmes sous des couches de synthétiseurs. « Excess » est quant à lui le morceau le plus direct de l’album, à la fois en termes sonores puisqu’il est l’un des plus rapides, mais également par ses paroles qui ne vont pas par quatre chemins et exposent la face plus personnelle de cette nouvelle mouture du one-man band.

L’atmosphère lugubre à laquelle nous avons été habitués est toujours présente, et prend même une place prépondérante sur Lustful Sacraments, en contrepartie d’une atténuation de l’aggressivité par rapport aux oeuvres du passé. « Death of the Soul » démarre sur des simples lignes de basse et batterie, et rapidement une ambiance macabre s’en dégage, la résonance des synthés presque religieuse contrastée par des paroles énoncées en russe. « The Other Place » prouve qu’un tempo plus lent n’est pas synonyme d’inefficacité, ses nombreux changements de rythme capables de tenir en haleine l’auditeur malgré son absence de chant.

Il faut noter que cette nouvelle tendance aux morceaux plus lents n’est en aucun cas annonciatrice d’un minimalisme sonique, car Lustful Sacraments est un album très fouillé que l’auditeur courageux prendra plaisir à décortiquer. « Messalina, Messalina », en constante transformation du long de ses sept minutes, est sans doute ce qui ce rapproche le plus du son aggressif du Perturbator de jadis, et fait office de dernier coup de poing avant l’ultime morceau. Que « God Says » soit le morceau le plus lent ne sera pas une surprise pour qui reconnait le groupe de doom français Hangman’s Chair, qui apporte une touche unique au morceau, dont le climax final cloture Lustful Sacrements en beauté.

Encore une fois, après un New Model qui faisait déjà fi de la déontologie de la synthwave, Perturbator étend un peu plus les horizons d’un genre qui avait du mal à se renouveler. Qui sait si la future génération va suivre ces nouvelles règles ou les transgresser un peu plus ?

  • Anthony

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