Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Il est vrai que faire côtoyer le death metal avec d’autres genres reste un exercice hautement dangereux. D’autant plus en essayant de le mélanger au jazz. Comment arriver à conjuguer la violence du death avec quoi que soit d’autres que la brutalité elle-même en soi? Seul le grindcore ou le progressif il y a encore quelques temps parvenaient à se marier à cette branche légendaire de la musique. Et encore, les plus avisés d’entre vous seront d’accords que le grind augmente la violence et le prog lui confère certes, une aura hallucinatoire mais pas forcément un autre aspect. Peut-être celui de prolonger l’effet violent du death. Or, depuis quelques temps on assiste à des expérimentations très intéressantes. Il y eut d’abord les énormissimes Imperial Triumphant, assemblant black/death avec des passages jazzy (très inspirés Eyes Wide Shut pour les plus connaisseurs) mais aussi et surtout Five The Hierorphant, parvenant à distiller un post metal dirigé par un saxophone délirant et complètement décomplexé. Cependant, ce trip reste exclusivement instrumental (à l’exception de samples bien placés).

Les Suédois de Gold Spire ont tenté le tout pour le tout en créant un death somme toute « classique » en lui conférant le coté chatoyant du jazz, évidemment avec un saxophone comme leader mais y incorporant chant growlé. Le résultat : un prototype à mi-chemin entre les deux groupes précités et qui mérite clairement que l’on se penche sur lui.

Si Gold Spire entame sa version de l’enfer avec une introduction faussement calme harmonisant des notes de piano, saxo et guitare, « Headless Snake » met tout le monde d’accord que nous avons bien affaire à un groupe audacieux mais pas fou. La structure résolument progressive du début va laisser place à ce mélange subtil de death/jazz aux larmes chaudes. Malgré le chant, on entend ce saxo et inversement. Comme des voix se répondant. Avoir fait monter la pression si doucement permet l’envoutement. La surprise, l’émotion. L’intrigue de ce qui va se produire par la suite.

« The Old Bridge » voit l’atmosphère devenir de plus en plus lancinante avec des reflets progressifs avant un soudain changement de ton. Gold Spire ne tombe pas dans le piège en prenant l’auditeur de court. Le long solo langoureux de saxophone apporte une touche presque chaude à un propos froid comme la glace. La composition suivante « Gloria » est comme un appel au sexe. Certains diront « caliente », d’autres y verront le vice se transformer en souffle langoureux. Sonnant un peu comme un interlude, c’est un parfait liant avec la suite de l’opus.

« Husk of God » est pensé comme une intro à « Skull Choirs », brûlot le plus asphyxiant de l’album. Vous voyez le cadavre sur le visuel (très bien réalisé en passant par-là) ? Pas impossible qu’il fut irradié par le souffle au moment de l’explosion du morceau. Selon la sensibilité de chacun, c’est ce moment qui m’a fait réellement apprécier cet éponyme après quelques écoutes. Sorte de condensé, de symbiose parfaite des diverses influences du combo suédois. Il faut avouer également que je serais curieux de voir le résultat scénique de ce morceau.

« Fetid Waters » s’enchaine naturellement après ce titre en y laissant cette patte chatoyante caresser le revers de la main. On y sent des affres malaisantes se développer et s’emparer des molécules rouges du corps. Cette chanson me rappelle un certain Paradise Lost durant ses grandes années doom death, il y a près de trente ans déjà. « The Wayfinder » clôture ce très prometteur premier opus en laissant une touche plus progressive dominer. Cela permet d’imaginer ce que l’avenir peut réserver aux membres originaires d’Uppsala (La Ville suédoise où se passe presque tout d’un point de vue musicale).

Crédit: Alex Giacomini

Il faut souligner l’audace également (car apparemment dans cette réalisation, tout semble audacieuse) du label Chaos Records, basé au Mexique d’avoir signé un groupe suédois pour un concept presque peu visité. Il y a bien ça et là des essais (je pense notamment aux Lituaniens d’Autism ou Walk Through Fire qui proviennent de… Suède) mais pas à ma connaissance sur un album complet. Enfin, au nom de l’équipe de New Musical Horizons, j’adresse mes remerciements les plus sincères à Gold Spire et leur label de nous avoir confiance en nous offrant un exemplaire pour étude et chronique. C’est quand même assez fou de parfois devoir faire des pieds et des mains pour seulement partager une passion.

Bonne écoute.

  • Tiph

Ps : écoutez-le défoncé forcément.

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