Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Anthony, co-fondateur et chroniqueur depuis de nombreuses années est la personne m’ayant amené à la découverte de Sumac. C’était à l’époque de What One Becomes en 2016, leur second rejeton. Autant être franc avec vous, je connaissais la voix, mais plus moyen de remettre une tête et un nom. Forcément, la révélation que derrière ce véritable brontosaure sonore se cachait ni plus ni moins qu’Aaron Turner (que je connaissais via ISIS et que j’avais perdu de vue, avant de découvrir également Old Man Gloom et House of Low Culture) fut une claque extrême. Dès lors, ma chronique sera plus fidèle à ce que j’entends que le ressenti de mes émotions tant le monstre auquel je m’attaque est complexe, intense et ne laisse aucune place à la divagation, sinon de se perdre. Je n’aurai d’ailleurs qu’une phrase à vous transmettre et surtout retenir : il faut écouter cet opus au moins cinq fois pour le comprendre. Mais une fois acquis, vous allez le décortiquer sous toutes ses coutures.

 

C’est ce même Anthony qui me déclara il y a peu  « Sumac est la définition de ce que veut dire ce terme si vague « être heavy » ». Je ne peux qu’acquiescer et ce May You Be Held est un retour en puissance de l’une des formations les plus violentes et les plus extrêmes du sludge et du doom, et dans le domaine expérimental. Se plonger dans un album de Sumac, n’importe lequel, c’est prendre un risque de se perdre comme mentionné plus haut. De ne pas comprendre ce qu’il se passe au risque de couper l’album. Mais c’est également le risque de se perdre dans les méandres de la bête et trouver au fond de soi, la noirceur que l’on pensait enfouie. Comme un coma éthylique sans boisson, un bad trip sans la moindre trace de drogue. La haine et le mal-être sans la moindre trace de bienveillance.

Après un Love in Shadow, somme toute plus bourrin, plus rentre-dedans et plus condensé, Sumac revient un opus plus méditatif et expérimental, à travers cinq pistes dont deux sont réellement des morceaux. Cependant, on parle de morceaux approchant les vingt (« May You Be Held ») et dix-sept minutes (« Consumed »), c’est donc très intense et il faut se concentrer pour ne pas perdre le fil. Les trois autres sont plus en approche drone mais connectés par la colonne vertébrale les uns aux autres. Ils ont pour effet d’aérer l’album, lui donner divers tons, garder l’auditeur en alerte et le temps file comme s’il n’existait pas. Résultat : vous écoutez un album qui dure une heure complète, mais votre ressenti est qu’il dure à peine trente minutes. On ne s’ennuie pas, il n’y a rien à jeter dans cet album.

« May You Be Held » est presque plus groovy que d’habitude dans les premières minutes mais les fans vont vite retrouver l’essence de Sumac. Les larsens sont au rendez-vous, les moments où l’on ne comprend rien, la voix d’Aaron Turner (de plus en plus fracassante en vieillissant) qui écrase tout sur son passage et les retournements de situation sont dantesques. Décrire un album d’une telle intensité n’est pas chose aisée, je dois bien l’avouer. Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est la productivité et la qualité proposés par Sumac. Bien que les releases ne soient pas très espacées, les Américains parviennent tout de même à se renouveler, en gardant leur marque. Il suffit d ‘écouter les dernières minutes de l’éponyme pour entendre des sortes de grésillements se transformer en solo de taré. Je ne pourrais que vous conseiller de l’écouter sous psychotropes. Il en sera de même sur « Consumed » et ce riff absolument démentiel qui annihile tout après six minutes d’écoute. On perd réellement le contrôle de son corps et on répond uniquement à cette violence. Aaron Turner nous emmène exactement là où il le souhaite : dans les méandres de sa propre folie.

Aaron Turner et sa bande justement confirme encore une fois leur statut de monstre intersidéral. De nouveau, un artwork sublime, empreint de ce quelque chose de dérangeant, que le groupe fait transparaître dans sa musique. Après les avoir vu au M4 en mars 2019, je me souviens m’être fait la réflexion que plus aucun groupe sur scène ne pourrait m’étonner après une telle violence et lourdeur. Certes, il y a eu le Covid, mais les propos n’ont pas changé. Écouter un album de Sumac, c’est se plonger dans un polar étouffant, où aucun survivant ne sera épargné tant que l’histoire se déroulera et où la fin te forcera à fermer les yeux par l’horreur que tu y découvriras. « Puissiez-vous être accroché » si vous osez vous attaquer à ce monstre. Pour ma part, j’en redemande et je meurs tout de suite.

Bonne écoute.

  • Tiph

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