Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Il y avait un petit temps que je n’avais pas écrit à propos de post-rock à proprement parler. Et surtout de sa puissance évocatrice et émotionnelle qu’il véhicule. Je vais en avoir l’occasion avec ce superbe Carry Us Away du projet américain Darkfield. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le groupe (ou du moins le musicien) va nous faire voyager… très loin là où plus rien possède un sens.

 

Du moins, c’est ce que l’on en déduit avec ce superbe visuel, très évocateur comme je le sus-mentionnais. L’astronaute est-il abandonné sur une planète inconnue ? Ou bien a-t-il décidé de ne pas quitter le navire ? Est-ce la Terre ? Sommes-nous ailleurs ? Une planète dangereuse ou bienfaisante ? Pourquoi y a-t-il des empreintes de doigt(s) dans le ciel ? Nous allons avoir 37 minutes pour s’imaginer un scénario et relater la vie de cet astronaute. Ou sa mort ?

Darkfield envoie un post rock cinématographique assez orienté science-fiction dans l’approche. Imaginez un peu Lights And Motion avec des touches plus électroniques (du moins des pointes) et une utilisation de piano et claviers pour renforcer l’émotionnel. Il s’inscrit vraiment dans la lignée des Caspian, Flies Are Spies From Hell, Egoera ou encore les gigantesques Coldbones. En plus d’être parfaitement dosé dans l’utilisation des éléments précités, Darkfield peut se révéler très heavy. D’entrée de jeu, je vous le confirme : une superbe découverte.

Après une courte introduction « A New Beginning », nous voici plongés dans « Phoenix Down », faisant la part belle à la puissance électrique des guitares, très soutenu et rythmé. Le groupe veut lancer son histoire, la nôtre, la vôtre, la mienne dans mon cas. Mais ce soir, je choisis de ne pas vous en raconter une, non. Vous allez faire la vôtre en fermant les yeux et vous sentir à la place de cet astronaute. La fusée s’en est allée, la solitude va s’emparer de vous sur « Echoes » où seul le bruit de l’écho sera votre interlocuteur. N’ayez pas peur, non. Car vous allez vibrer sur le sublime « Halcyon » en extrait. Faites une pause dans la chronique et écoutez-la, c’est prodigieux, vous êtes où là ? Vous imaginez quoi comme aventure à cet homme ou cette femme sans nom, seul face à son être ?

Vous avez plané ? Alors cet astronaute ? Il est où ? Allez, commentez, faites-nous rêver avec nous. Le rêve d’un autre monde ne s’arrête pas là. « Bloom » nous fait découvrir cette planète qui sera notre maison désormais. La montée en intensité vers la troisième minute est pure, écrasante, comme si Aerosmith n’avait pas composé la bande originale d’Armageddon. En parlant d’apocalypse, et si cette planète était réellement amicale ? Il vous est tout de même permis d’avoir un doute sur « The Outsider » . La basse se veut menaçante dans les premières notes avant qu’un clavier inquiétant ne prenne le relais. La composition est plus rythmé, moins lancinante que les précédentes. Le ton change, la solitude de l’astronaute guette l’arrivée de la dépression. Rien ne dit que les tempêtes ne se produisent pas dans cette atmosphère.

D’ailleurs, l’ambiance baisse de nouveau d’un cran sur « Ares ». La dépression n’est pas seulement une tempête, elle est aussi un chien noir, le Black Dog dans la culture anglo-saxonne. Le superbe solo mélancolique de ce morceau… Je n’en trouve pas vraiment les mots, je vous propose d’aller l’écouter et vous en faire votre propre ressenti. Presque sept minutes de tristesse, de quiétude inquiétée (oui choisi volontairement), de rêves brisés. Peut-être qu’il va falloir rebrousser chemin car non, nous n’arrivons pas au bout du périple, de la mission, à moins d’accepter de perdre la raison.

 

Joey Westerlund en pleine composition. Quand l’émotion rencontre l’Espace.

Si c’est un échec, il faudra l’avouer, « Back To The Sky » est la bande originale de fin, l’exit soundtrack qui ne peut que conclure un tel opus. Seul instant où vous aurez la chance d’entendre un peu de chant. Des chœurs au loin. Comme les chœurs d’un cœur perdu, qui accepte de renoncer à son rêve..pour peut-être céder sa place à un autre dans le futur ? Personne ne peut en être sur… Moi je me suis façonné mon opinion. La vôtre est faite ? Nous vous invitons à en débattre si le cœur vous en dit.

Second LP pour Darkfield et à coup sûr, un coup de force et de maître dans cette année 2020. il y a tout dans cet opus qui ravira les fans de post rock et a même la capacité de qui sait, faire de nouveaux adeptes. L’album est très bien produit, il y a de vrais questionnements à se faire concernant la pochette et cela incite à se remettre l’album en l’observant. Derrière ce projet se cache un multi-instrumentaliste, Joey Westerlund œuvrant en qualité d’artiste indépendant, qui a entièrement composé cette pépite. J’espère avoir un de ces jours, la possibilité de le voir sur scène (au Dunk??) en groupe.

Alors cet astronaute et ce visuel ? On en parle ?

Bonne écoute

  •  Tiph

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