Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Cult of Occult nous revient enfin après plusieurs années d’absence des scènes et des studios. Ruin, ce nouveau LP a ouvert une porte en moi. Vous décrire ces deux morceaux d’une massivité pareille ne peut selon moi que passer par l’émotion, le ressenti de ces quarante minutes de destruction totale.

Je tiens tout de même à prévenir que ce texte peut heurter certaines sensibilités. À vos risques et périls de lire ou passer votre chemin. Si toutefois, vous décidez de le lire, allez à son terme pour comprendre le véritable sens.

Bonne lecture.

Un son aigu dans ma tête. Il me fait mal autant qu’il me fait du bien. Comme une jouissance sans prix. Celle qui ne se satisfait jamais. Longue respiration, inspiration, expiration. Inspiration, Expiration. L’étape est franchie, le plus sombre est fait. Ne reste plus que le jouissif à vivre, à expérimenter, à amplifier. Les paupières fermées, tant que ne résonne aucun hurlement, pourquoi les ouvrir ? Avoir parcouru tout ce chemin jusqu’aux tréfonds de mes entrailles pour ne pas saisir l’instant, le moment propice. Pour les ouvrir. Et jouir du spectacle qui s’offre à mon être entier.

Tant d’espérances, tant de luttes, tant de répulsion en moi pour ne pas le faire, commettre l’irréparable. L’impensé, plus profond que l’impensable qui m’envahit, s’est emparé de mon regard. Agit à ma place, guide mon chemin, mes mains, mes jambes. Cette chose qui m’a gagné, sans que je ne comprenne qui elle est, comment elle est arrivée là. Comme si Satan en personne, calme et ainsi Dieu, avait dicté ce désir comme un verset à respecter. Mes yeux s’ouvrent enfin, à mon misérable moi et mon insatisfait désir d’ôter la respiration.

Des entrailles, du sang dégoulinant, au-dessus de moi. Je suis debout dans une grotte au fond d’une forêt. Laquelle ? Comment suis-je arrivé là ? Le pourquoi, je le sais. Mais pas le comment. Des hurlements déchirants derrière moi. Ma proie est attachée là au sol. Que dis-je, ma proie. Mon offrande, ma petite souris, mouche en devenir. Des larmes le long de joues indistinctes, des hurlements au travers d’un bâillon. Les entrailles ruissellent par les cavités de la grotte. J’aurais déjà fait ça avant ? Pas sûr. Mais si bien sûr, je l’ai fait pour toi depuis des années. Des sacrifices, des scarifications, des éventrations, des… non je ne peux pas l’écrire.

La souris m’observe, elle me ressemble étrangement. Un peu comme un miroir bombé sur la virtualité. Je vais, non je dois lui ôter sa respiration, malgré les supplications, malgré les voix qui me disent de tout arrêter. Pourquoi arrêter maintenant? Je ne sais pas même un prénom, pas même un âge. Juste une souris mouche en devenir piochée par le plus grand des hasards extrêmes. Juste passé au mauvais moment. Ou bien au bon moment. Tout est question de perspective au final. Elle a mal, j’ai des sensations agréables de la voir de la sorte… Comme je le disais, une question de perspective.

Cette grotte est la ruine de ce monde, de mon monde que je dois éteindre. Tout est prêt pour le rituel. De nouvelles supplications n’entravent pas mon désir. Il le faut, je suis seul, alors pourquoi renoncer? À ma droite, sur la gauche, une machette usée. Elle n’est pas mienne, mais à ma disposition. Ne pleure plus ma souris, en passant ma main sur son visage. Ton mal va s’estomper. Tes ruines vont t’ensevelir. J’ai choisi de détruire et croire en la peine. J’ai choisi de me prosterner devant Satan, et de devenir misérable par la même occasion. Alors les coups s’abattent. Sur ta poitrine, sur ton cou, ton front, tes bras, tes jambes. En rythme et force, les hurlements cessent vite, mais je n’ai pas la force de découper en morceau. Je peux par contre oui, je te broie oui. Les points centraux et vitaux touchés trop vite, c’est peut-être pour ça que je recommence sans cesse. Faire revenir un son. Un marc de sang dans ma main. La vie ruisselle encore un peu. Mais il est éteint ce son, la souris est devenue mouche. Une vie et un monde ruinés.

Mais, sans que je ne comprenne, mon pouls s’accélère. Et ce n’est pas de la jouissance, ce n’est pas de l’excitation. C’est mon propre souffle qui se coupe. La gorge, ma gorge se serre. Mon offrande à Satan ? Ça y est, enfin ? Il a décidé de m’accepter dans son royaume. Il aura fallu creuser le plus bas dans la nature humaine pour y arriver. Mes jambes pèsent des tonnes de planètes, mon dos un multivers et le sang coule de mon nez, colore mes dents, affichant le sourire que j’attendais de pouvoir émettre, sans rictus. M’écroulant aux côtés de ma dernière souris mouche en devenir, mon regard s’aligne au sien. Ses yeux expriment la peur, l’angoisse, les miens l’apaisement et la joie. Après peut-être des centaines de tentatives, j’y suis enfin parvenu. Je m’observe dans ses yeux, son regard est mien. Ses pommettes sont miennes. Ses dents, ses cheveux, ses mains, tout était mien. Je luttais contre mon moi depuis si longtemps. Tant de cadavres de mon sang auparavant. Pour enfin remporter la victoire, accéder à l’autre monde. L’autodestruction est plus qu’une lutte. C’est un acte. Que j’ai joué. Que j’ai interprété. Auquel je me suis prosterné. Duquel le rideau se tire. Définitivement cette fois. Et je t’accepte enfin. Mon destin. Mon euthanasie. Ma ruine sous mes ruines.

Bonne écoute

  • Tiph

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