Methadone Skies – Retrofuture Caveman

Certes, nous avons été un peu en manque de réaction à sa sortie, croulant sous les demandes de chroniques de plus en plus nombreuses nous arrivant de partout dans le monde. Et pour cela, au nom de l’équipe de New Musical Horizons, nous sommes reconnaissants envers tous ces gens qui nous font confiance pour écrire au mieux leur musique. Mais que voilà une bien drôle d’expression d’ailleurs, non ? « Ecrire la musique ». En principe, n’est-ce pas réservé aux musiciens ? Pourtant, la musique depuis l’aube de l’Humanité nous conte des histoires. Parfois avec des paroles, parfois sans. Retrofuture Caveman des Roumains de Methadone Skies va nous en raconter une travers les âges, comme le montre ce visuel déjanté, pensé et sans contexte historique. Comme pour nous lancer un « L’Histoire est une musique ».

Cinquième album pour le groupe originaire de Timișoara et je vous le dis directement : Retrofuture Caveman est appelé à devenir un monument du post metal instrumental dans les années à venir. Rien n’a été laissé au hasard, dans ces moindres détails pour obtenir un opus vraiment mémorable. À commencer par cet artwork rendant hommage à la Science-Fiction des années 50 notamment, mais pas que. L’Histoire y est aussi évoquée à travers divers éléments. Non, je ne vous ferai pas le détail car je veux que vous preniez le temps de vous installer et observer chaque centimètre carré de l’œuvre. Bon ok… ce qui saute le plus aux yeux est bien entendu le type qui tend sa main vers des champignons… Mais sincèrement, croyez-en mon expérience en la matière, on va halluciner grave et ce, durant la durée des cinq morceaux au programme.

Et si certains d’entre vous n’étaient pas convaincus de la puissance que peuvent atteindre des groupes d’Europe de l’Est, vous allez tout simplement morfler sur le gigantesque éponyme « Retrofuture Caveman ». Dix-huit minutes absolument dantesques de bout en bout. Si les premières minutes peuvent paraître post rock/metal conventionnel mais cependant remplies d’espoir, la composition va glisser vers une partie ambiante… et déboucher sur ou sombrer dans… un truc monstrueusement doom et totalement imprévisible. Une lourdeur pareille se travaille, demande de l’application et une patience extrême pour l’atteindre. En 2021, c’est la meilleure entrée en matière pour un album à ce jour.

Mais ce n’est pas tout. Tout le reste de Retrofuture Caveman est aussi prenant et subjuguant. À commencer par le clip psychédélique de « Infected By Friendship ». Ce fut également le premier morceau dévoilé quelques semaines avant la sortie de l’album. Il se distingue par sa douce mélodie et se transforme petit à petit en forme puissante. Comme une météorite prenant de la vitesse en entrant dans l’atmosphère. En deux compositions, Methadone Skies prouve qu’il est capable de transcender, d’entrer en fission nucléaire deux atomes en leur donnant un sens. Je relie un peu cela de nouveau à l’Histoire à travers un big bang sonore. Le psychotique « The Enabler » et son riff hallucinogène prennent le cerveau d’assaut. C’est le morceau peut-être le plus court de l’album, mais d’intensité à échelons et une parfaite démonstration de maitrise de la rythmique. Il y a un aspect Mastodon que peut-être je serai seul à détecter (si si, toi aussi hein, tu l’entends cette influence The Hunter en 2009, non ?).

Par la suite, Methadone Skies nous dresse un portrait du temps passé à travers « Western Luv’67 ». On a vraiment le sentiment de voir défiler devant nos yeux une sorte de carte postale du passé. J’ai vraiment eu la sensation de voyager dans le temps sur cette composition. Écoutez cette ligne basse peu après six minutes. Enfin (ou plutôt déjà), « When The Sleeper Awakens » assez énergique conclut ce Retrofuture Caveman que l’on va se remettre en boucle. Tout l’album bien entendu.

Comme je vous disais, l’Histoire est une musique. Et avec cet effort faramineux, Methadone Skies marque cette Histoire de son empreinte dans son style. Cette frontière si mince entre le post rock et le post metal est encore plus fine que jamais. Mais ce qui les relie, ce sont les émotions qu’ils traversent et véhiculent. Il nous aura fallu quelques écoutes pour cerner cette indomptable album qui en fera rêver plus d’un. Pour peu que vous fassiez l’effort de la découverte. Et ça, ce sera toujours notre job chez NMH de faire le pas pour vous.

Bonne écoute.

  • Tiph

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