Contributeur. Photographe et amateur de post-metal.

Une sélection de Mats

Onmyouza – Maou Taiten (2007)

Heavy Metal

Une fois n’est pas coutume, j’ai envie de vous parler de heavy metal, et j’ai conscience d’avoir perdu la plupart des lecteurs suite à cet énoncé. Pourtant, ce serait dommage, car le groupe que je souhaite évoquer ici est très singulier, bien qu’il prenne ses principales influences au sein de la scène Heavy Metal Britannique, Judas Priest et Iron Maiden en tête.

Formé à la fin des années 90 à Osaka, les japonais de Onmyouza (ou “la réunion du Yin & du Yang”) pratiquent un genre unique (à l’époque, bien avant la vague qui su déferler jusqu’à nos contrées il y a quelques années) : le Yokai Metal, à savoir un mélange de heavy metal pour la musique, et de folklore japonais, à coup d’histoires de fantômes et de démons, pour la thématique, le tout chanté dans la langue d’Hokusai. L’autre force du groupe, outre sa capacité à sortir près d’un album par an et autant de captures live, c’est son duo de chanteurs : Matatabi, également bassiste, et la sublime Kuroneko, qui est pour moi une des plus impressionnantes et meilleures chanteuses de la scène heavy et metal plus globalement en activité. A noter enfin, une identité visuelle très forte, tant dans les artworks des albums, que dans leurs videos, que dans les kimonos qu’ils portent, tous plus beaux les uns que les autres.

Avec 14 albums sortis, il est difficile d’en prendre en particulier, mais comme l’exercice consiste à le faire, j’ai choisi de vous parler de Maou Taiten, leur 8e album sorti en 2007. Pourquoi celui-ci? Tout d’abord parce que c’est par cet album que j’ai découvert le groupe et que cet opus m’a mis une double claque avec le clip de “Kokui No Tennyo”. Une claque musicale dans un premier temps car ce morceau est ultra efficace, avec un duo de chanteurs incroyables qui s’harmonise parfaitement et des soli de guitare qui n’ont rien à envier aux meilleurs axemen occidentaux. Dans un second temps, c’était une claque visuelle : je n’avais jamais rien vu de tel, l’élégance de ces costumes m’avait tout simplement enchanté, rien à voir avec les kitscheries des groupes de metal de chez nous, et cette capacité à réaliser de très beaux clips malgré le peu de moyens possédés, ce qui nous changeait des clips dans des hangars…

Par la suite, j’ai parcouru cet album plus en détails et j’y ai retrouvé de quoi me réconcilier avec un genre que j’avais énormément snobé ces dernières années : des refrains incroyablement catchy (“Hadou Ninpouchou” ou “Kokui No Tennyo”), ce qu’il faut de virtuosité instrumentale, mais sans en faire des tonnes, quelques grunts (“Maou”), et cette chanteuse à la palette vocale vaste, mais sans jamais tomber dans le cucu ou dans le mièvre.

Pour plus d’infos sur le groupe, ce très bon site français :

https://www.nautiljon.com/people/onmyo-za/

Le clip de « Kokui No Tennyo »
Vergissmeinnicht – Whispering Solitude (2008)

Acoustic Dark Folk

Malgré ce qu’on pourrait croire, Vergissmeinnicht ne nous vient pas d’Allemagne, mais de Chine, et plus particulièrement de la Province de Shandong situé au Nord-Est du pays. Il s’agit du projet solo de Lu, membre du groupe de black metal dépressif Heartless. Mais contrairement à cet autre projet (arrêté depuis 2012), Vergissmeinnicht fait dans le dark folk acoustique.

Avec Whispering Solitude, sorti en 2007, Lu nous entraîne pendant une quarantaine de minutes à travers la Nature, propice à la rêverie. Le tempo est ici lent, voire parfois très lent, et de rares sonorités électroniques et naturelles (éclairs, bruits d’eau) viennent s’ajouter aux notes de guitare acoustique, instrument majoritaire de l’album, mais aussi de percussions et de flûte. Si l’album est essentiellement instrumental, Lu viendra en plus chuchoter (en anglais) quelques mots à l’auditeur, rendant l’ambiance encore plus mélancolique.

Si vous êtes fan d’un Kveldssanger d’Ulver ou de l’ensemble de la discographie de Vali par exemple, vous devriez jeter une oreille sur ce très très bel album malheureusement trop peu connu dans nos contrées.

In Each Hand a Cutlass – A Universe Made of Strings (2011)

Post-rock / Prog / Post-metal

Direction Singapour maintenant avec le quintet d’In Each Hand a Cutlass qui nous a livré un premier opus magistral que j’écoute encore au moins une fois par semaine.

Sorti il y a bientôt 10 ans déjà, ce premier album des singapouriens est un mix parfait de post rock et de metal/rock progressif aux accents parfois jazzy, qui rappelera parfois Porcupine Tree (époque In Absentia). On retrouve chez le quintet énormément de virtuosité, mais là où certains groupes tomberaient dans l’excès, jusqu’à créer une musique froide, IEHAC fait le tour de force d’y ajouter beaucoup d’émotion, à l’image de titres comme “Glacier” ou “Helmet & Fiery Endings”, mais également du groove, rendant l’ensemble extrêmement digeste (et je ne parlerai pas de ce son de basse absolument magique sur “White Boxes”).

Servi par une production d’un clarté incroyable et masterisé aux Fascination Street Studios par un certain… Jens Bogren, ce qui explique probablement le côté très “metal” du rendu de cet univers fait de cordes. Ce premier album est à mes yeux un véritable coup de maitre pour lequel je peine à trouver le moindre défaut. Si vous voulez vous prendre une seconde claque, je vous invite à enchainer leur album suivant, The Kraken, sortie en 2015, véritable leçon de rock progressif, et second coup de maître pour un groupe décidément à part.

Le clip de « Marauder »
Mutyumu – Il y a (2008)

« Funeral Classical Band »

Retour au Japon, et également à Osaka décidément, avec un groupe totalement inclassable qui se définit comme « funeral classical band ». Entre noise, experimental, neo-classique et post-rock, ce groupe fait partie de ces ovnis musicaux qu’on ne trouve qu’au Japon, et qui peuvent révulser comme fasciner, soit on adore, soit on déteste, mais ils ne laissent personne indifférent.

Sorti en 2008, Il y a (en français, oui) est un album de 80 minutes complètement barré à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Emmené par Hatis Nois, chanteuse aux prouesses vocales incroyables, qui est capable de passer par tous les types de chants possibles, d’un chant lyrique traditionnel à un chant metal à la limite d’une personne possédée. Il y a est complexe, voire parfois indigeste pour celle ou celui qui écouterait l’album en entier tant la quantité d’informations et les genres explorés sont nombreux. Chaque titre mériterait d’ailleurs sa propre chronique tant ils possèdent énormément d’éléments à décortiquer. Un morceau résume cependant à lui seul ce à quoi on peut s’attendre avec un groupe comme Mutyumu : “l’Oeil est Dieu”, mélange de screamo et de chant lyrique, le tout sur une base musicale entre jazz et néo-classique. Si vous avez apprécié ce titre, je vous invite à parcourir le reste de la discographie de cet étonnant groupe.

  • Mats

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