Co-Fondateur / Chroniqueur spécialisé dans le post-rock, shoegaze, sludge, synthwave et musique progressive en général.

Difficile d’imaginer que Forever Blue n’est que le premier album d’A.A. Williams. Sorti originalement en 2018, puis réédité avec quelques morceaux supplémentaires en 2019, son premier EP sobrement éponyme dégageait déjà l’aura d’une musicienne affirmée. Ajoutez à cela une collaboration avec rien de moins que MONO et des tournées avec de grands noms du post-rock tels que Cult of Luna, Explosions in the Sky, Russian Circles… et vous comprendrez que A.A. Williams s’est rapidement créé une place dans l’univers musical de la rédaction, et que nous anticipions Forever Blue depuis son annonce.

 
La musique de l’artiste, pour ceux qui n’ont peut-être pas encore eu l’occasion d’écouter le susmentionné EP, emprunte à la fois au post-rock et au post-classique, sublimés par la voix hantée de Williams, mais n’a rien a envier non plus à la sensibilité d’un Radiohead. Guitare, violoncelle et piano sont autant d’instruments joués par l’artiste, accompagnés de la basse de son mari Thomas Williams, au service de compositions à première écoute suffisamment dépouillées que pour être quasi-instantanément retenues et fredonnées, mais pourtant complexes et travaillées, laissant à l’auditeur chevronné le loisir d’en déceler toutes les subtilités.
 
De ces morceaux émane une sérénité, l’impression que Williams a vécu plus que ses années ; mais pourtant point de défaitisme à l’horizon, plutôt le froid optimisme de celle qui a déjà percé les secrets de l’univers. Forever Blue n’en est pas pour autant tonalement homogène, car chaque pièce du puzzle possède sa propre nuance de bleu, qui ne sera pas forcément appréciée tant que l’auditeur ne se laissera porter que par la mélodie principale : le chant de Williams qui, comme celui de la sirène des mythes, a le pouvoir de faire disparaître la raison.
 
Sur « Love and Pain » par exemple, chaque note de basse suit paresseusement la suivante, gratifiant au titre des effluves de désert Américain, avant de se transformer quand rugit le premier refrain. Cette sérénité reste toujours prépondérante, même lorsque les guitares s’électrifient. Ces quelques moments où l’intensité grimpe, puis explose, sont d’autant plus efficaces qu’ils sont contrastés de retenue sur le reste de l’oeuvre.
 

La variété des compositions tient également des invités, en l’occurence de trois voix masculines, présentes sur autant de morceaux du milieu de l’album. Chacune de ces participations apporte une touche différente à l’ensemble, qu’elle soit relaxée, ou, dans le cas de Johannes Persson sur « Fearless », terrifiante. A noter que jamais ces interventions ne détractent du chant féminin, ce qui doit être imputé à une autre grande qualité de l’album : son excellent mix, particulièrement entre la voix et les instruments.

Forever Blue prouve donc, s’il le fallait, que le relatif succès fulgurant de Williams ne relève en rien du hasard, mais vraiment du talent inépuisé de l’artiste multi-instrumentaliste. En ces heures troubles où l’avenir est incertain, une chose est néanmoins sûre : nous n’avons pas fini d’entendre parler d’A.A. Williams.

  • Anthony

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