Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

L’autre côté de la mort. Comme pour suggérer qu’après celle-ci, il y a encore une autre étape. Quelque chose d’encore plus mystique que le fait de mourir en lui-même. En soi, l’idée est peut-être encore plus dérangeante que de s’interroger uniquement sur ce qu’il advient de nous après la mort puisqu’on y introduit une notion encore plus profonde que simplement vivre et mourir. Un état de vie à un état de non-vie. De la lumière aux ténèbres.

Le duo bruxellois Of Blood And Mercury semble s’être penché pendant de nombreuses heures sur ce questionnement en écrivant son second album. Le premier opus les affichait en pleine lumière alors que cette nouvelle collection de titres est illustrée par des ombres et un chamanisme noir, comme si la fumée avait absorbé toute vie autour d’eux. Et il faut dire que dès les premières secondes, on est plongé dans ce néant. Néant capté lors du fameux Roadburn Redux à Tilburg. Pour les présentations avec les deux sympathiques acolytes, je vous redirige vers la chronique de Strangers ici, leur premier album. Pour les sensations, c’est juste ci-dessous.

« I am all that is », comme je le mentionnais, installe ce climax très étrange. Ambient glauque débouchant sur des nappes de claviers électroniques qui ont pris le temps de s’installer. Je pense écrire les yeux fermés mais sans certitude. Dans tous les cas, ces huit minutes transportent dans ce havre de vie à non-vie. Comme une impression de souffle sur ma gorge, une éternelle chute. « The moment » transparaît comme un relent de Strangers mais semble plus « assumé », moins « raw ». Bien que l’aspect me plaisait déjà énormément à l’époque, on y perçoit de fines subtilités en arrière-bouches. À la différence que le ton sonne plus sombre, pourtant dreamy. Je me contredis, non ? Pas grave, j’assume ma part aussi, l’écouter est ce cauchemar dont on a rêvé.

Le rêve, justement puisqu’on parle de lui, s’invite à la chute sur « Walk The Void », tournant plus électroniquement encore vers la descente. Des images de Bat For Lashes me viennent à l’esprit. L’enchainement sur « Within Intermediate State » se fait dans la fumée. Of Blood And Mercury se veut moins direct de ce côté de la Mort. Plus atmosphérique, plus sensuel, plus symbiotique que jamais. La concentration n’est même pas nécessaire pour poursuivre cette chute vertigineusement agréablement. L’accent dreamy réapparaît sur le superbe « Shadowy Waters ». La fin du voyage est amorcée mais la paire continue de planer entre électronique et pop sombre. Le corps toujours en fuite est pris de spasmes dangereusement sucrés. Oui, le mot est placé correctement dans mon schéma. C’est un voyage au plus profond de soi et de son moi que je vis à cette écoute.

La Monachopsis est le terme pour désigner le sentiment de ne pas se trouver à sa place. Cet avant-dernier titre du même nom est mon moment préféré de cette non-mort (oui, j’inverse les noms communs, comme un besoin sanitaire de vie). Le texte est profondément noir alors que la composition est étrangement la plus vivace. Cette ambiguïté confère une puissance malsaine à ce titre. Attrayante et ravageuse. J’ai toujours eu ce sentiment de monachopsis sans le savoir. Pour terminer dans la cohésion, les près de huit minutes du titre éponyme termine l’album avec cette interrogation douce et emplie d’espoir après cette mort. Ce titre laisse en transe comme le reste de l’album. Rêveur. Ce morceau a été composé spécialement pour le Roadburn Redux au passage. Au final, il donne son nom à l’opus. Je vous recommande vivement ce live qui retranscrit parfaitement l’univers des Bruxellois. La seconde moitié du titre me ramène encore à D O L C H, toujours eux aussi dans les bons coups.

Michelle et Olivier affinent leur style avec ce second album tout à fait à la hauteur. Il a ceci de plus que le premier album d’être plus homogène dans ses tons et plonger encore l’auditeur dans l’extase de ses propres sensations. J’ai beaucoup apprécié ces écoutes multiples qu’il m’aura fallu pour appréhender ce monde spirituel et sombre. Sombre oui, mais pourtant plein de lumière noire. A découvrir et redécouvrir. C’est du bon, c’est du Belge.

Bonne écoute

  • Tiph

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