C’est quand je réalise que je n’avais pas mis les pieds au Backstage depuis plus d’un an (pour Vulture Industries + Foscor, affiche également signée Garmonbozia ndlr), que je me rends compte à quel point mon rythme en matière de concerts a considérablement diminué pour des raisons professionnelles, multipliant les renoncements à des dates toutes plus alléchantes les unes que les autres.
Mais fan du groupe oblige, si il y avait UNE date que je ne pouvais pas rater, c’était bien celle-ci, concoctée par le maître d’œuvre Robin Staps, pour une autre partie de tournée en compagnie de Rosetta, marquant au passage la signature des norvégiens d’ Årabrot sur son label, Pelagic Records.
Cette date a d’autant plus de valeur car elle marque pour une moi une première concrétisation d’une collaboration avec les belges de New Musical Horizons, formidable webzine que je vous invite vivement à suivre. Mais trêve de blablas inutile, place à notre soirée (sold out s’il vous plait) en 3 actes.
Årabrot
Premières impressions avec entre autres une claviériste-chanteuse vêtue d’une robe sur laquelle on trouve des bites et des vagins et un chanteur-guitariste looké façon mormon… Le combo norvégien, véritable ovni de la soirée, fait face à nous, dans un Backstage qui commence peu à peu à se remplir.
Récente signature de l’écurie Pelagic Records, et combo inconnu pour la plupart d’entre nous, mais véritables célébrités dans leurs terres, les norvégiens ont bientôt 20 ans d’existence et une bonne quinzaine d’albums et d’EP à leur actif. Et après une dizaine d’années passées au sein du label norvégien Fysisk Format, Arabrot a rejoint le label de Robin Staps pour leur dernier album intitulé « Who do you love» sorti en Septembre dernier.
L’expérience Årabrot est difficile à décrire… Formation tantôt noise rock, tantôt complètement (post) punk… Groupe compliqué à appréhender, mais bien plus intéressant en live car on y retrouve un Kjetil Nernes très charismatique et complètement habité par son art. C’est un peu le bordel parfois, mais à mesure que le set se déroule, je parviens à prendre un certain plaisir, mention spéciale pour le titre «Story of Lot » longue pièce expérimentale de 15 minutes qui termine cette première partie en beauté, tandis que sur ma droite j’en entends qui se demandent ce qu’ils foutent là et s’interrogent sur la pertinence d’avoir un groupe aussi particulier en première partie…
Rosetta
Après cette mise en bouche assez indigeste pour certains, quel plaisir de retrouver Rosetta sur scène pour la seconde fois cette année, toujours en compagnie de The Ocean.
Tant Rosetta est un groupe que j’aime bien en album, tant le combo originaire de Philadelphie n’a de cesse de m’impressionner en live. Leur prestation au Dunk m’avait sacrément mis sur le cul, et j’avais hâte de voir comment Mike Armine, réputé pour être très très généreux sur scène, allait se comporter dans notre petite salle parisienne… On ne pourra que constater que le public en aura eu pour son argent, avec un leader qui se comporte sur scène comme si il s’agissait du dernier concert de sa vie, avec en plus un nombre incalculable de gestes et de regards à l’intention du public (par rapport à certains groupes qui jouent en regardant leurs pieds ça change…). Côté setlist, le groupe viendra globalement piocher dans ses 3 derniers albums, avec notamment ce « Detente », une nouvelle fois sublimée par le chant de « Eric Jernigan ». Un très bon moment, et ce malgré un son parfois faiblard au niveau de la voix de Mike, du moins dans les premiers rangs.
The Ocean
Lors de leur tournée marquant les 10 ans de l’album Precambrian, The Ocean Collective avait quitté la scène sur « Cryogenian », dernier titre de l’album et ce soir, c’est sur « The Cambrian Explosion », premier titre de Phanerozoic que le groupe entre en scène, marquant la continuité des deux albums, (putain, qu’ils sont malins ces cons !). Bon, première surprise, c’est l’absence de Dalai Cellai, donc dommage pour les parties au violoncelle. Seconde surprise, c’est de découvrir que Paul (Seidel-batterie) chante. A l’écoute du dernier album, je m’étais demandé qui chantait avec la même voix que Lars Nedland (Solefald, Age of Silence, Borknagar, In Vain…), ravi de voir que The Ocean s’est doté d’un batteur qui sait chanter et pas qu’en studio. Car il faut le reconnaitre, le sieur Paul aura méchamment assuré ce soir et j’ai hâte de voir comment sa place dans le groupe va évoluer avec le temps.
Avec un début de setlist logiquement consacré à leur dernier opus, c’est aux premières notes de « Let Them Believe » que le public déjà bouillant commencera véritablement à se lâcher. Un titre qui fera office d’allumette avant d’exploser sur « Firmaaaaameeeeent », avec un Loïc (Rossetti) le premier, qui comme à son habitude, et ce quelle que soit la configuration de la salle, se jettera de façon plus ou moins hasardeuse dans la foule.
Faisant quelques petites incursions dans Precambrian à travers l’ultra brutal Orosirian et l’hypnotique Statherian, le groupe régale un public totalement acquis à sa cause, créant au passage un beau bordel dans la fosse. Je finis par me reculer pour profiter de la fin du concert en fond de salle, appréciant un son bien meilleur et pouvant enfin constater une nouvelle fois que le chanteur-cascadeur du combo s’est énormément amélioré au chant au fil des années, le prouvant notamment sur ce sublime « The Quiet Observer », première pièce d’un rappel en deux parties, « Benthic: The Origin of Our Wishes » faisant office d’ultime offrande.
Au final, une bonne soirée, pas mon meilleur concert de The Ocean, mais un très bon moment quand même. Et bien que je reste encore un peu réservé sur Phanerozoic, parce que je suis un peu resté sur ma faim, et sans doute parce qu’il est difficile de passer après un chef d’œuvre Pelagic, force est d’admettre que les titres de l’album passent très bien en live (plus qu’à faire d’autres dates avec Jonas Renske de Katatonia pour jouer Devonian) et que j’ai hâte de savoir ce que prépare le maître Robin Staps pour la seconde partie de l’album. Dans tous les cas je serai là.
Juste avant de terminer, je tenais à remercier Paul (Seidel) pour l’invitation, Garmonbozia pour continuer à faire vivre la scène metal et post metal en l’occurrence ce soir (et encore bon anniversaire) et enfin toute l’équipe de New Musical Horizons.
- Mats