Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Et si l’Enfer sonnait de cette manière ?

Avec un peu de retard, je vous propose d’entreprendre un voyage dans vos entrailles et entrapercevoir les Enfers. Les vôtres. Celles avec des flammes. Mais pas forcément les flammes qui vous calcineront. Non. Celles qui emprisonneront votre corps dans cette bouilloire à sang qu’est votre propre carcasse.

Les Allemands de (DOLCH) sortent enfin un premier vrai album, après deux EP’s et deux split tout simplement fabuleux. Pour les décrire, il faut vraiment imaginer une sorte de black-metal version rock. Ce n’est pas vraiment du dark-rock, c’est plus malsain, plus ténébreux encore. Certains groupes de black ne sont pas éthérés à ce point. Le groupe s’articule autour des deux membres fondateurs : une femme, un homme. Je les ai découvert au Méan en rituel de nuit. À ce jour, cela reste l’un des meilleurs rituels que j’ai vu sur scène dans ce festival. Ils se complètent parfaitement. Il est un démon, elle est une sorcière.

Feuer est la première partie d’une trilogie à paraître, plus que certainement au bon vouloir du duo. Les deux autres s’intituleront Nacht et Tod. En plus d’être crédible, entendez par là que ce n’est pas surjoué, le ton est très sombre, même humainement. Sur scène, ils jouent avec longue capuche, pas de communication ni d’interaction avec le public et n’ont pas de Facebook. En 2020, niveau médiatique et publicitaire, c’est plus que culotté. Rien que cet aspect me parle déjà. Si tu aimes leur musique c’est à toi de faire la démarche de les suivre via leur site, par exemple.

Pour une première partie de trilogie, le niveau est déjà très élevé. L’excellent « Burn » annonce la couleur rougeâtre de l’opus, rythmée, envoûtante. « Halo » au refrain pourtant entêtant et « A Funeral Song » apportent une touche doom vraiment pas déplaisante. Un relent de Zeal & Ardor en plus black se laisse consumer quelque part dans leurs abysses. La chanteuse a une voix de femme. Une vraie de vrai. Pas une pleurnicharde, ni une growleuse de bas quartier. Non, une femme qui s’assume en tant que femme. Son chant est pur mais dérangeant. Elle transpire la féminité. Elle est comme une sirène de sang. Je m’étranglerais pour son baiser. Mon cadavre va être enterré à la fin du morceau d’ailleurs, pour mon pêché.

«  A Love Song » nous ramène à une ambiance plus proche des EP’s de leurs début, une sorte d’interlude assez long. Très répétitif, le but est de nous faire perdre pied et signer le pacte de sang. L’atmosphère est sale. Combien de sacrifices ai-je fait ? Combien vais-je encore en faire ?

L’extrait « Psalm 7 » est le morceau le plus « mélodique », presque pop dans son intro. On tombe vite dans quelque chose de très lancinant, un relent également des premières compositions parues il y a déjà plusieurs années. Je ne sais même plus en quelle année je les ai vus. Et je n’ai pas envie de chercher. Je suis absorbé littéralement dans ce morceau. Comme si PJ Harvey ou Anneke Van Giersbergen posaient leurs voix sur l’enfer mais cette femme en prend leur essence et les ajoute à son parfum. Vous l’aurez compris, elle ne me laisse pas indifférent.

Il reste deux morceaux pour près de vingt minutes de musique. On est cette fois dans nos entrailles sur l’énorme « Mahnmal ». Atmosphérique, lourd, noir, le doom sludge envoile la composition avec des soupçons rock. C’est lent, ils prennent leur temps, le rituel n’en est qu’à son début si on en suit la trilogie. Pour ma part, j’ai ouvert mes veines depuis longtemps. Ma tête suit le rythme à mesure que la batterie t’enferme. Ton propre cœur, tes propres poumons t’empêchent de t’échapper. À mon sens, c’est le morceau de l’album qui montre toutes les capacités du groupe à surprendre et sortir de ses propres horizons. Forcément, il est chanté en allemand. Cela ajoute ce petit plus.

L’éponyme « Feuer » clôture la première partie. Neuf minutes de puissance plus proche d’une sorte de black-rRock à tendance doom. L’homme chante et apporte de la résonnance à la voix de cette femme. J’ai volontairement omis de les nommer durant cette chronique. Cela a tellement plus de puissance. L’album est véritablement monté en intensité durant ces cinquante minutes. À la fin de « Feuer », un morceau caché. Un avant-goût de la direction suivante ? La production est différente du reste de l’album et sonne plus comme les EP’s. À suivre.

On reste forcément sur sa faim en sachant qu’il reste deux parties à cet ensemble. Leur carrière est sur la pente ascendante. Ce qui est paradoxal, c’est qu’on sait qu’on descendra plus bas encore dans les ténèbres. Les Enfers, selon ( D O L C H ), sont attirantes, envoutantes et psychédéliques. NMH sera sur le coup pour présenter les deux autres parties en primeur. Laissez-vous tirer par le fond avec moi. Et surtout avec eux.

Bonne écoute

  •  Tiph

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