Nous voulions apporter un peu de nouveauté dans le paysage de notre webzine et avons décidé de créer une série d’articles intitulée « Labellisé… ». Vous l’aurez compris, ces articles vous permettront de découvrir un label indépendant, petit ou gros, et de parcourir une sélection d’artistes figurant sur ces labels. Pour faire simple : 5 classiques et 5 découvertes à écouter absolument! Nous vous proposerons quelques petites descriptions, mais aussi des liens d’écoute et peut-être quelques surprises… Commençons donc sans plus attendre avec Pelagic Records, le label allemand phare de la scène post, mais pas que. Cliquez sur le logo du label pour accéder à leur site.
Origines
L’histoire de Pelagic Records commence en 2009, lorsque Robin Staps, guitariste de The Ocean, décide de rééditer un des premiers albums de son groupe alors que leur label de l’époque (Metal Blade Records) avait refusé l’idée mais lui propose tout de même de le soutenir dans la vente de ceux-ci. Grâce au succès de la démarche, Staps enchaîne et édite donc d’autres groupes (Nebra fut le deuxième groupe publié sur Pelagic), et Pelagic sort même la troisième édition de All Is Violent, All Is Bright, du groupe incontournable de la scène post God Is An Astronaut.
Le label sort donc entre 2 et 5 albums par an, et a connu une ascension fulgurante lors de ces deux dernières années puisqu’en 2017 et 2018, ils sortaient 32 albums! 16 albums par an, un record pour un label indépendant de cette qualité. Cette productivité qualitative leur a même permis de créer, à la fin de l’année 2019, un système d’abonnement qui vous permet donc de recevoir, mensuellement ou bimensuellement, toutes leurs sorties au format vinyle, en plus de quelques goodies de temps à autres.
Alors parmi leurs artistes, on retrouve quelques grands noms de la scène post et doom. Nous vous proposons d’en découvrir quelques uns ici, mais le but de notre démarche est aussi de vous faire découvrir de jeunes groupes moins connus qu’ils produisent également. Dans leurs productions, nous retrouvons donc les excellents Cult of Luna, Mono, Khoma, Abraham ou encore Wang Wen, sleepmakeswaves, Rosetta et bien sûr The Ocean, les papas du label. Je vous propose donc cette compilation, sortie en 2017 sur le bandcamp du label, qui vous permettra de découvrir l’éventail (sélectif) des groupes qu’ils éditent.
Les classiques
The Ocean
Je ne pouvais pas rédiger un tel article sans vous parler du groupe à l’origine du label : The Ocean. C’est le groupe fondateur du label, mais il a commencé bien plus tôt, en 2000-2001, et ont réalisé depuis lors pas moins de 7 albums, le dernier en date étant Phanerozoic I: Palaeozoic . Nous devrions d’ailleurs entendre la suite de cet album tout bientôt, peut-être même en 2020, je l’espère. Les allemands sont classés dans des genres variés, allant du metal progressif au post-metal… Difficile en effet de les ranger dans un tiroir tant leurs influences sont diverses et leur style inimitable.
Résumer ce groupe en quelques lignes est une mission impossible, ils mériteraient qu’on leur consacre un dossier en entier tellement leur son, et leur carrière, sont riches et complexes. Chaque album vaut le détour et explore des thématiques musicales différentes, allant de quelque chose de plus atmosphérique et planant (Pelagial) à leur côté plus brutal et « in your face », comme sur l’épique et maintenant culte et classique « Precambrian », sorti en 2007… Le temps passe vite. C’est ce disque que j’aimerais que vous écoutiez aujourd’hui, et je vous propose donc ce petit lien vers le Bandcamp du groupe.
Je vous invite également à (re)découvrir leur dernier album, et pour ce faire, vous pouvez me lire (cliquez ici) dans cette chronique que j’avais réalisée il y a quelque temps. J’y exprimais le fait que Loïc Rossetti, l’actuel chanteur du groupe, avait encore amélioré ses capacités vocales pour atteindre un niveau de justesse tout à fait remarquable. Le talentueux vocaliste s’était joint à la très jolie voix de Jonas Renkse (Katatonia) pour nous offrir le sublime « Devonian: Nascent » qui me file toujours des frissons aujourd’hui.
Cult of Luna
Et oui, le groupe suédois a fait une brève apparition sur Pelagic avec un album particulier, intitulé The Eternal Music. C’est un disque qui accompagne l’audiobook / DVD Eviga Riket qui continue l’histoire de Holger Nilsson, un homme devenu fou qui était déjà le sujet principal de l’album Eternal Kingdom… En tout cas, la supposée histoire que le groupe aurait inventé de toute pièce afin de satisfaire la curiosité des journalistes sur les origines de la musique d’Eternal Kingdom. C’est en 2012 que fut révélé « l’hoax » de cette histoire rocambolesque, qui aurait fait couler beaucoup d’encre dans la presse underground à l’époque… Malheureusement, l’album est introuvable sur les plateformes de streaming ou sur bandcamp. Il vous faudra acheter l’édition vinyle qui est… Sold out. Bon courage!
MONO
Comment pourrait-on oublier Mono? Le groupe de post-rock japonais s’est imposé comme une pierre angulaire de la scène depuis plusieurs années maintenant. Ils sont à l’origine d’un style propre à eux-mêmes, mainte fois copié, mais jamais, à mon sens, égalé. Le collectif est également connu pour ses prestations live incroyables, doté d’un son puissant pour un style musical parfois décrié pour son côté « dépressif ». Comme quoi, on est capable de faire du lourd avec du léger… A méditer! Je vous invite à le faire (méditer…) en écoutant leur superbe split avec la talentueuse A.A. Williams : Exit in Darkness.
Mais le groupe n’est pas chez Pelagic depuis très longtemps finalement (enfin… tout est relatif). On peut considérer que c’est d’ailleurs Temporary Residence Limited qui a contribué au succès de Mono alors Pelagic les accueille pour la première fois avec le double album The Last Dawn / Rays of Darkness. Le groupe n’a d’ailleurs jamais quitté son label principal, mais sort, depuis 2014 donc, tous ses albums studios sur Pelagic également, pour le plus grand plaisir des fans européens.
Pour résumer, toute la carrière du groupe est intéressante, mais si on s’intéresse aux « années Pelagic » et si vous ne deviez choisir qu’un seul album, laissez-vous tenter par Requiem For Hell qui possède de fabuleux crescendos, joués dans les règles de l’art.
God is an Astronaut
Ceux-ci sont, quant à eux, une sorte d’hybride sur le label allemand puisqu’ils ne sont pas réellement une exclu. Mais ils sont à mentionner puisque c’est sur ce label que se porte leur choix lorsqu’il s’agit de rééditer All is Violent, All is Bright en édition vinyle en 2009, dans une superbe édition blanche que vous ne trouverez pas aujourd’hui pour moins de 60€. God is an Astronaut est donc bel et bien un classique, qui a certainement contribué à faire connaître Pelagic à un plus grand nombre de personnes. D’autant que cet album est lui aussi, au sein de la scène post-rock, un classique parmi les classiques.
Et le groupe ne s’est pas arrêté là, un an plus tard, ils décident de sortir, conjointement avec d’autres label, l’album suivant : Age of the Fifth Sun qui contribuera lui aussi à populariser le label et à le diffuser auprès d’autres futurs groupes potentiels. Ce sont véritablement ces trois années là qui permettent à Pelagic de décoller sur la scène alternative et de devenir, progressivement, un label incontournable qui ne néglige pas la qualité au profit… du profit!
Wang Wen
Difficile de trancher lorsqu’on a décidé de se limiter à 5 classiques et 5 découvertes. Après avoir longuement hésité (et vous pourrez faire votre propre liste si vous le désirez), c’est en posant Invisible City sur ma platine que le choix s’est imposé comme évident. Le groupe chinois Wang Wen est bien un incontournable du label. Et ce dernier album, Invisible City donc, est un des meilleurs sortis en 2018. Les cuivres viennent apporter une sensation de doux réconfort à un post-rock déjà bien défini. Leurs performances live sont d’ailleurs tout aussi mémorables que leurs efforts en studio. Je vous invite vraiment à vous poser, un soir, et à écouter ce chef d’oeuvre qu’est Invisible City pour vous convaincre du talent de composition des musiciens de Wang Wen.
Les découvertes
Psychonaut
C’est l’une des dernières sorties du label : les belges de Psychonaut. Bien que l’album soit réellement sorti en 2018, la sortie 2020 du disque chez Pelagic a permis au groupe de profiter d’un boost de visibilité indéniable. Et c’est tant mieux puisque ce disque est une véritable claque musicale. Long, complexe, recherché et tout ça avec une production impeccable, Unfold the God Man se classe très haut dans nos meilleurs sorties de l’année 2020, même si nous ne sommes qu’en mai. Si vous cherchez un album de métal plus ou moins progressif qui utilise aussi les codes de la scène post, n’allez pas plus loin, Psychonaut est fait pour vous.
Unfold the God Man by PSYCHONAUT
Herod
Une découverte vous avez dit? En quelque sorte oui, mais finalement, on retrouve quand même un ex-musicien de The Ocean dans ce superbe groupe, Herod. Et je vous parle bien sûr de Mike Pilat qui vient poser sa voix et jouer de la guitare sur le dernier album du groupe en date : Sombre Dessein. Musicalement, Herod n’est pas très loin non plus de The Ocean avec un post-métal bien puissant comme on l’aime, avec une bose dose de progressif dans les compositions. Et à la production, on retrouve aussi un certain Magnus Lindberg, connu pour travailler avec Cult of Luna depuis pas mal d’années. Vous l’aurez compris, c’est un cocktail explosif et diablement efficace que je vous recommande chaudement.
Ancestors
Je me souviens avoir découvert Ancestors, groupe originaire de Los Angeles, grâce à la sublime pochette de Suspended in Reflections. Quel artwork fantastique, équilibré, aux couleurs admirablement bien choisies. Et en plus, ça fonctionne avec la musique… Quel régal. J’avais donc commandé le vinyle sur un coup de tête, après seulement quelques secondes d’écoute. Avoir une jolie pochette, ça fonctionne et ça permet à votre groupe d’être découvert d’une autre manière, j’en suis persuadé.
Suspended in Reflections by Ancestors
Donc au niveau de la musique, on se trouve dans le post-metal, bien évidemment, avec une touche aérienne et onirique bien présente. C’est un joli voyage d’un peu moins de 40 minutes qui a pour unique but de vous amener jusqu’à la dernière piste, « The Warm Glow » et son solo déchirant, véritable climax d’un disque réussi à 100%. Foncez donc tête baissée, ça vaut la peine.
Barrens
C’est ma dernière découverte en date, Barrens. Et Tiph vous dressait un portrait assez clair du groupe dans sa chronique que vous pouvez découvrir en cliquant ici. Que dire si ce n’est que je suis totalement d’accord avec Tiph? Pelagic a su voir juste en produisant un groupe peu connu, auteur d’un premier album réussi à la perfection et qui compte bien ne pas s’arrêter en si bon chemin. Car produire un groupe qui débute, c’est prendre un risque. Prendre le risque de ne pas vendre et de voir son label devenir un gouffre. Si Pelagic l’a fait, c’est parce qu’ils ont enfin cette capacité de promouvoir de plus petites formations et qu’ils font confiance aux groupes qu’ils produisent sous leur nom.
Chapeau, parce que le pari est gagné. Quant à vous, rendez-vous sur la page Facebook de l’artiste et cliquez sur le petit bouton « like », ça leur fera du bien parce que leur musique est d’une qualité indéniable.
Neck of the Woods
Nous arrivons déjà à la fin du classement. Quel choix horrible que de devoir se limiter à un dernier nom alors que le label en contient de nombreux autres qui ont tout autant leur place dans cet article. Mais c’est la règle que nous nous sommes fixée : 5 classiques et 5 découvertes. Et la dernière découverte sort un peu du lot, au risque de surprendre les habitués du label. Cette fois, on penche clairement du côté post-hardcore plus agressif. Neck of the Woods, originaire de Vancouver, vous met une bonne grosse claque (de par son visuel, notamment) avec The Annex of Ire qui a des airs de métal progressif à la Opeth (pour le côté folk) qui aurait fait un enfant avec Converge. Tout un programme… Encore une belle réussite. Bien vu Pelagic.
The Annex of Ire by Neck of the Woods
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C’est déjà terminé… Et je m’excuse déjà auprès de tous les groupes fantastiques qui auraient mérité tout autant de figurer dans cet article : Abraham, Coilguns ou encore Astrosaur… Il y en a bien d’autres, rien n’est à jeter sur Pelagic! La preuve, c’est que le label continue encore de se développer et de grandir en accueillant dans ses rangs des groupes de plus en plus variés. Je ne serais pas étonné de voir débarquer de plus gros noms dans un futur proche sur ce label allemand qui mérite sa place de grand label européen de post.
- Guillaume