Co-Fondateur / Chroniqueur spécialisé dans le post-rock, shoegaze, sludge, synthwave et musique progressive en général.

Tamás Kátai est un de ces génies musicaux qui mériterait d’être plus connu dans nos contrées occidentales. Originaire d’Hongrie, il s’est créé là-bas une renommée grâce à une discographie aussi fournie que qualitative, à travers une carrière solo, ou, comme ici, un de ses nombreux groupes.
 

Ce qui distingue cet artiste des autres, c’est son talent à créer des albums aux sonorités uniques, principalement par sa prédilection à brillamment incorporer du folk hongrois à ses œuvres. Pour autant, ses albums sortis sous l’égide Thy Catafalque se suivent mais ne se ressemblent pas. Chaque piste sur Naiv propose de nouvelles idées, sans que la somme de celles-ci ne donne une impression de fouillis.
 
En terme de genres, Thy Catafalque brasse très large, et vous entendrez des guitares saturées (qu’un groupe d’industriel ne renierait pas) côtoyer de la flûte, de la cithare et du oud délicieusement folk, le tout suivi de claviers synthwave aussi bons inattendus. Au niveau du chant, la variété est aussi au rendez-vous, puisqu’en sus des voix samplées, Tamas poussera le growl alors que Martina Veronika Horváth enchantera nos oreilles avec un chant folk mélodique. Le tout agrémenté d’un songwriting efficace qui ne laissera pas indifférent.
 
Si les sonorités sont indiscutablement metal, les fondations quant à elles sont bien ancrées dans le progressif et l’avant-garde. Naiv n’est pas votre album de black metal typique, entendu et réentendu, ni un album typique d’aucun genre d’ailleurs. Kátai a pour ambition de sortir des sentiers battus, et se donne les moyens de poursuivre ce but. Et même en hors-piste, tous ses virages sont gérés avec précision et retenue. Contrairement à certains de ses pairs dans le metal avant-garde, Thy Catafalque ne verse jamais dans la bizarrerie dans le simple but de choquer. L’intérêt relève de la subtilité avec laquelle l’équilibre est atteint entre le metal, sorti de son contexte habituel, et les autres genres qui cohabitent sur Naiv.
 
 
Sur « Tsitsushka » par exemple, la batterie mène la barque alors que les instruments vont et viennent, et si les changements paraissent abrupts au premier abord, ils se révèlent en fait être parfaitement intégrés lorsqu’on leur laisse une chance de s’étoffer. « A valóság kazamatài » porte plus fièrement le déguisement du black metal, et joue avec l’anticipation de l’auditeur avec des montées en puissance entrecoupées de pauses et d’explosions. « Kék madár (Négy kép) » nous offre un bel interlude aux airs de synthwave des plus évocateurs, alors que « Napùt » mêle chant folk en hongrois et batterie qui met le double kick à l’honneur.
 
Naiv est d’autant plus surprenant que malgré les genres présentés, la tonalité n’est pas à la négativité (typique du black metal avouons-le) mais, assez étonnamment, à la légèreté et positivité. Il est également intéressant de noter que Naiv, du haut de ses 47 minutes, est l’album le plus court de la carrière de Thy Catafalque. Si cette particularité est due à la volonté de Tomas d’en faire un album cohérent et efficace, on peut dire que le pari est réussi.
 
  • Anthony

 

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