Rédacteur en chef et Fondateur de NMH. Spécialisé dans le post-rock, l'ambient, le post-metal, le psychédélique et la musique progressive en général.

J’ai eu l’immense privilège d’interviewer Lasse Hoile, le photographe et artiste visuel de longue date de Steven Wilson ou encore plus récemment du groupe soup. J’ai découvert quelqu’un de très simple, ouvert mais surtout très sensible. Lasse est une personne complète et merveilleuse que je vous invite à découvrir dans cette longue mais intense interview. Nous avons discuté de son livre « Portraits », que vous pouvez acheter ICI, mais aussi de sa relation avec Steven Wilson, de ses déboires mais aussi de ses joies. Un très beau moment!

Le très beau livre de Lasse Hoile : « Portraits » avec une couverture qui vous rappelle certainement quelque chose

NMH – Merci Lasse de nous permettre de t’interviewer !

Lasse Hoile – Avec plaisir, de quoi veux-tu bavarder ?

NMH – Principalement de ton livre qui est sorti le 26 mars. Que peux-tu nous dire à propos de celui-ci ? Avais-tu une idée particulière, un objectif ou alors voulais-tu simplement un jour avoir un magnifique livre dans tes mains ?

L.H. – Je pense que tout le monde, ou au moins tous les artistes, designers ou photographes veulent avoir un livre à propos de leur art. Cela prouve que tu fais quelque chose de bien.

En fait, depuis « Fear of a Blank Planet », on était supposé faire un gros livre sur Porcupine Tree avec tout ce que j’ai fait pendant toutes les tournées et tous les extras jamais publiés. Le manager nous avait en quelque sorte promis de le faire parce que je n’ai pas été payé pour faire « Fear of a Blank Planet » ou « The Incident » donc il a dit « Faisons un Artbook ! » On a donc fait une maquette de ce livre, mais le projet n’a jamais été jusqu’au bout. Tout ça était juste une grosse connerie…

NMH – Donc tu n’as pas été payé ni pour le bouquin ni pour ton travail pour les albums ?

L.H. – Le livre était censé compenser en fait. J’ai été remboursé pour mes dépenses concernant les photos, les vidéos, mais c’est tout. Le livre n’a jamais été terminé…

NMH – Est-ce que tu avais un job régulier à côté de tout ça ?

L.H. – En fait le manager de Porcupine Tree m’a demandé de quitter mon job parce que le groupe allait devenir célèbre et comme je travaillais déjà 24/7 pour eux… Tu sais c’était des appels à 2h00 du matin pour me demander des photos de presse et je disais « Ok je vous envoie ça tout de suite ». Donc en fait c’était devenu mon job à part entière, mais sans la paie qui va avec. *rire*

Mais j’avais un job oui, je faisais des publicités pour Lego et ce genre de trucs. J’ai commencé une entreprise avec des amis et soudainement ils ont grandi, Porcupine Tree devait aussi grandir après « The Incident ». Donc le manager m’a dit « Vas-y quitte ton travail, on va faire ça, puis ça et on deviendra grand… » et… Steven a commencé sa carrière solo. *rire*

Et maintenant l’entreprise en question fait 300 millions par an et je n’ai rien eu de tout ça. Mais je n’en pleure pas parce que je fais ce que j’ai toujours voulu faire et je ne voulais pas d’un travail corporatif. C’est très différent comme boulot, mais c’est aussi peu mémorable, tu passes du temps à créer quelque chose que les gens voient brièvement et l’oublient 5 minutes plus tard. Je préfère donc passer mon temps sur cette Terre à faire un truc qui me connecte aux gens, qui donne du sens à leur vie… J’aime mieux ça qu’une putain de pub pour Lego. *rire*

L’art a toujours été mon truc, j’ai toujours fait de l’art donc le livre a toujours été au fond de mon esprit. Donc nous avons fait le bouquin « Index ». Carl Glover, qui travaille pour The Flood Gallery, a fait la mise en page de certains livres et quelques posters, et il nous a proposé (NDLR : avec Steven Wilson) de faire un livre sur notre collaboration depuis les années 2000, je pense. Carl avait déjà travaillé avec Steven auparavant. Donc c’est un livre qui retrace notre collaboration jusque « Hand. Cannot. Erase. »

Cela montrait que ce que nous avons fait ensemble était en quelque sorte bon. Ce que j’ai fait pour Steven est plus du côté art que le reste. Tu sais Steven est vu comme un artiste de rock progressif, mais il ne l’est pas vraiment, je pense. *rire*

NMH – *rire* C’est un grand débat entre ses fans pour le moment !

L.H. – Au moins on peut dire qu’il « progresse ». *rire* Beaucoup de gens considèrent qu’être « progressif » c’est rester dans le même genre de « ton ». Donc le travail reflète tout ça, c’était vraiment chouette de voir l’évolution de ces dernières années. Le livre s’est vraiment bien vendu en fait !

Ensuite j’étais supposé faire ce livre sur Porcupine Tree et puis Steven a refusé de le faire parce que ça le détournerait trop de son objectif principal qui, à l’époque, était « Hand. Cannot. Erase. » Donc il m’a proposé de faire un autre livre avec des trucs que personne n’avait jamais vu, un livre plus personnel avec des images de portraits jamais publiés auparavant. Quelques images sont connues bien sûr, mais la majorité d’entre elles non.

Et puis son label précédent a un peu profité de lui en sortant constamment toutes ces rééditions, ce qui était emmerdant pour tout le monde. Donc s’il y avait encore plus de Porcupine Tree avec ce livre, les gens en auraient eu marre, je pense. *rire*

NMH – Ta collaboration avec Steven Wilson est la plus connue d’entre toutes. Mais tu as quand même choisi la photo de la pochette de « Remedies », l’album de soup.

L.H. – Je dois te dire que la plupart des images m’appartiennent, ce sont des photos que je fais pour moi. Je n’ai pas beaucoup de soutien pour ça et je dois rembourser mes dépenses. Par exemple pour « Grace for Drowning », toutes les images avaient été faites avant l’album, mais Steven les a adorées donc elles sont apparues dans le livre de la même manière qu’avec Porcupine Tree et « The Incident ». J’ai toujours fait tout ça pour moi, je les montre aux gens qui me disent parfois « Oh, peut-on utiliser telle ou telle image pour ça ? »

Donc la photo de l’album « Remedies » de soup était en fait destinée depuis le début à être la couverture du livre. Carl m’a proposé de faire ce livre, « Portraits », puisqu’on ne faisait plus le livre sur Porcupine Tree. Donc, le travail avec les lampes UV est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, mais je n’avais pas l’argent pour acheter les lampes UV et tout ce qui allait avec. Je n’avais pas forcément le temps non plus et maintenant je fais toujours des portraits avec les lampes UV parce que c’est en quelque sorte mon propre projet artistique du moment. À ce moment-là j’avais besoin de couvrir ces dépenses, soup a adoré ces photos et je leur ai donc donné cette image.

Steven a adoré l’autre image qui était très similaire, *rire* et en fait il m’a demandé pour l’utiliser, mais je lui ai dit que je l’avais déjà donnée à soup *rire*. Il a dit « Je m’en fous je la veux » donc j’ai dû partager d’une certaine manière *rire*, Mais à la base ce n’était ni pour soup, ni pour Steven, c’était mon propre projet. S’ils étaient d’accord de partager, alors pour moi c’était ok j’avais juste besoin de couvrir mes frais, ce que j’ai presque réussi à faire *rire*.

NMH – Peux-tu au moins vivre de ce que tu fais ?

L.H. – Non, je ne peux pas… Je dois faire beaucoup de trucs corporatifs…

NMH – C’est injuste parce que tu es connu dans le monde des artistes visuels et…

L.H. – Oui, les gens disent ça, mais je ne le ressens pas. Je ne comprends pas parce que j’essaie chaque année d’obtenir des subventions pour des projets ici au Danemark et je n’en ai jamais, je ne suis jamais subventionné. Je n’ai jamais d’aide, je dois tout faire avec mon propre argent.

NMH – Tu dois absolument aimer ce que tu fais pour le faire alors…

L.H. – Oui, le truc c’est que j’ai passé trop d’années à faire tout ça, je ne peux pas me permettre d’arrêter. C’est ce qui me rend heureux, ce qui me permet de continuer, ce qui me permet d’oublier tous les moments ennuyants… Le week-end, quand j’ai du temps libre je peux sortir et m’amuser à ça tu vois. Bien sûr, ce serait génial d’avoir un budget pour pouvoir réaliser des projets plus élaborés que j’imagine depuis un moment déjà, mais je ne peux pas, du moins pas pour le moment. J’espère que ce livre me fera du bien aussi à ce niveau-là.

Donc non, pour revenir à ta question initiale, j’ai dû littéralement, quatre fois d’affilée, vendre tout ce que j’avais pour pouvoir payer les factures : ma caméra, mon ordinateur, mon équipement… J’habite dans petit appartement 1 chambre, c’est d’ailleurs là que je fais la plupart de mes photos. *rire*

NMH – C’est impressionnant, mais tellement injuste. Cela peut en partie s’expliquer par le fait que tu travailles à côté des musiciens, qui n’ont déjà pas une vie financière facile non plus. Les artistes visuels doivent avoir la vie encore plus difficile.

L.H. – Exactement. Les artistes visuels sont aussi des gens qui veulent réaliser des trucs gratuitement juste pour être vus. On doit bien commencer quelque part donc évidemment les gens vont offrir des choses gratuitement.

Mais il y a des artistes et des labels qui ont de l’argent pour se payer un artiste visuel et ne le font pas parce qu’ils se disent que les gens vont quand même télécharger leur musique donc pour quoi payer autant pour une pochette, des images ou un concept ? Et donc on voit souvent ces groupes qui passent une année et demie à enregistrer leur album et font leur pochette en une semaine. Je ne comprends pas ça, pourquoi négliger autant la partie visuelle ? Bien sûr cette réflexion est subjective.

Et toutes ces éditions spéciales qui utilisent et réutilisent les mêmes images, mais sous différentes variations… C’est du réchauffé et pour moi tout ça c’est ridicule.

NMH – C’est débat intéressant en tout cas.

L.H. – C’est subjectif, on ne peut pas juger ce que les gens aiment. Tu sais c’est comme dans l’univers du métal où si un album n’adopte pas des codes visuels en particulier il ne sera pas accepté. C’est des conneries, selon moi on doit sortir du lot ! On doit faire débat, les gens doivent discuter des choix artistiques des groupes.

Par exemple avec « In Absentia », des gens me disent encore aujourd’hui qu’ils n’achèteraient pas l’album si la pochette n’était pas celle-là où n’auraient même pas remarqué Porcupine Tree si la pochette n’avait pas été là. Parce qu’elle est…

La pochette de l’album « In Absentia »

NMH – C’est une image forte, attirante !

L.H. – Exact, même en petit format sur iTunes par exemple *rire*. C’est la raison pour laquelle je pense qu’avec un visuel médiocre on devient moins visible, d’une certaine manière. Avec des visuels forts, tu crées une sorte de marque de fabrique, le nom de ton groupe devient une marque. C’est une marque de qualité, les gens te remarquent quand c’est bon, même inconsciemment. Ils ne le disent pas, mais ils savent ce qui est bon ou mauvais, sans même pouvoir mettre le doigt dessus, ils sont en quelque sorte connectés ou non grâce aux visuels.

NMH – Les visuels sont importants pour pouvoir se lier avec la musique. Et ça fait parfaitement le lien avec ma question suivante : quel est le lien, selon toi, entre l’image et la musique ?

L.H. – Quand tu écoutes de la musique, tu te fais tes propres idées, images dans ta tête, c’est ce que la musique est supposée faire je pense. Les visuels sont là pour te montrer le chemin.

NMH – Donc, lorsque tu crées une image, une pochette, tu dois écouter l’album avant de pouvoir savoir vers quoi te diriger ?

L.H. – Parfois, oui. Ou au moins je dois avoir une idée du contenu, pour ne pas faire d’œuvre « littérale » si tu vois ce que je veux dire. Il faut pouvoir faire quelque chose de plus atmosphérique qui va coller à la musique. Je n’aime pas les choses littérales parce que je ça abêti les gens. Les gens ne sont pas si stupides.

C’est comme ce film, Spinal Tap, où on parle de l’album fictif « Smell the Glove » et la pochette c’est littéralement une femme qui sent un gant… Tu vois ce que je veux dire, c’est drôle parce que c’est stupide ! *rire*. Et je pense que beaucoup de pochettes essaient de faire ça et pour moi c’est mauvais.

La fameuse pochette dont Lasse nous parle

Ce que j’essaie de faire, du moins avec les groupes avec lesquels je travaille, c’est de créer une atmosphère, une sorte d’humeur… quelque chose de fort qui va engager l’auditeur dans la musique. Beaucoup de choses que fait Steven sont à propos d’un thème ou d’une histoire donc on essaie de faire le même genre en image, pas littéralement, mais quelque chose qui va faire le lien avec les morceaux. De cette manière on saisit le sens de la musique ou l’émotion et à partir de là tu peux imaginer ta propre histoire et la mener où tu veux.

Encore une fois, c’est faire quelque chose de percutant, remarquable et iconique…

NMH – C’est comme ça que tu veux qu’on se souvienne de toi ?

L.H. – Ce n’est pas là manière dont je veux qu’on se souvienne de moi, mais c’est ce qu’on essaie de faire, particulièrement avec les pochettes. Malheureusement, beaucoup de gens voient les pochettes en t-shirt… Tu vois ce que je veux dire ? « C’est peut-être une belle pochette, mais c’est un t-shirt génial ! » *rire*.

Beaucoup de groupes font ça parce qu’ils sont sur de vendre plus de t-shirt que d’albums.*rire*

NMH – Particulièrement dans la scène métal !

L.H. – Bien entendu, si ça donne bien sur un t-shirt, faisons-le en pochette d’album ! *rire*

NMH – *rire* Revenons un peu sur ton livre, « Portraits ». Comment est-il fait ? Y’a-t-il uniquement des images ou tu les accompagnes d’explications, de textes ? 

L.H. – Non, cette fois il n’y a que des images. Je veux laisser les gens imaginer. C’est typiquement un « coffee-table book » (NDLR : livre de grand format à usage principalement décoratif, illustratif), une galerie, oui. Le seul texte du livre, ce sont les noms des gens qui figurent sur les photos. *rire* Ça me permet aussi d’utiliser plus de pages pour des images. Il y a 176 pages ! Je dois dire que c’est vraiment un bel objet, avec le tissu en plus qui donne un bel effet, c’est un objet très lourd et les pages sont de très bonne qualité. Je suis très fier de ce livre.

NMH – Je comprends. Sur les images promotionnelles, il a déjà l’air magnifique. Pour revenir à ton art, je le trouve assez sombre. Le dernier album de Steven Wilson est un peu particulier puisqu’il n’est plus aussi triste et sombre que les précédents. Le morceau « Permanating » a fait d’ailleurs couler beaucoup d’encre à ce sujet. Comment avez-vous travaillé pour ce disque ? Était-ce un challenge pour toi ?

L.H. – C’est probablement une bonne chose que les gens parlent de « Permanating », de manière positive ou négative. Pour répondre à ta question, je peux t’assurer que Steve et moi sommes des gens très heureux. J’ai des putains de moments dépressifs parfois, mais bon… *rire* C’est surtout à cause d’autres gens et de ma situation professionnelle… Ce n’est pas facile donc je suis grincheux parfois.

Je suis d’habitude heureux et nous le sommes tous les deux. Nous sommes aussi fascinés par les trucs sombres parce que c’est intéressant.

NMH – Exaltant ?

L.H. – Oui ! Nous sommes aussi intéressés par l’imagerie sombre, mais je pense que, en réfléchissant à tout ce qu’on a fait par le passé, les paroles de Steve et sa musique peuvent être dépressives ou mélancoliques. Mes images entrent un peu en contraste avec la musique et je pense que c’est pour ça qu’il utilise autant mes images.

NMH – Peut-être aussi parce que vous travaillez de la même manière ?

L.H. – Oui, tu sais nous aimons le même genre de films, de livres, de musiques… Ce disque était plus un album de pop et je pense que c’était une nécessité qu’il soit plus lumineux. Je voulais aussi faire quelque chose de complètement différent. C’est aussi une continuité avec ce qu’on avait déjà fait sur Hand. Cannot. Erase. qui était aussi coloré avec la peinture par exemple.

Et puis Steve est allé en Inde, je suis allé aussi en Inde et ce voyage nous a influencés d’une certaine manière, avec toutes ces couleurs. Et puis… on est déjà tout le temps dépressif, on se sent régulièrement misérable donc pourquoi pas changer d’optique ? *rire*

Essayer quelque chose de nouveau est toujours une bonne chose.

NMH – Comment décrirais-tu ta relation avec Steven Wilson ?

L.H. – Très bonne ! On travaille ensemble depuis pas mal de temps maintenant donc… Nous sommes de bons amis. On s’écrit presque tous les jours par SMS ou par emails. Même parfois des conneries !

NMH – Des memes !

L.H. – Ouais des trucs comme ça *rire* Parfois, je lui envoie des messages juste avant certains concerts pour l’emmerder…

NMH – Est-ce que tu partages ce genre de relation avec d’autres artistes ?

L.H. – Oui, j’ai le même genre de relation avec Erlend Viken (NDLR : leader de soup, interview ICI) parce que je le connais depuis pas mal d’années. Ça prend du temps de se rapprocher des gens, mais ça arrive rarement parce que nous vivons si loin les uns des autres et nous sommes fort occupés.

Nous avons de bonnes relations, nous discutons pas mal, parfois je suis d’accord et parfois pas d’accord… Je n’ai pas peur de dire si je trouve un truc nul. Personnellement, je préférerais avoir une critique constructive que « oh c’est génial » à chaque fois. Je pense que c’est mieux pour tout le monde parce que ça te pousse.

Parfois quand j’envoie mes photos à Steve il me répond qu’il n’aime pas celle-ci ou qu’il adore celle-là… C’est la même chose quand il m’envoie ses démos je lui dis mon avis honnête. C’est la même chose avec Erlend.

NMH – As-tu d’autres artistes avec qui tu aimerais travailler ?

L.H. – Oui je travaille avec un groupe danois qui s’appelle Celestial Son. Un truc de rock progressif vraiment pas mal je trouve. Ils ne sont pas très connus au Danemark ce qui est probablement une bonne chose *rire. Parce qu’au Danemark, comme c’est un petit pays, ces groupes-là n’ont pas beaucoup de visibilité sur les radios par exemple. Il faut que ces artistes commencent à être connus en Angleterre ou même en Suède et là ça peut démarrer dans les plus petits pays… C’est fou *rire*

NMH – C’est ce que nous essayons modestement de faire, rendre ces artistes plus connus, ne serait-ce qu’en Belgique.

L.H. – Moi aussi, je parle beaucoup des petits groupes obscurs que j’écoute et je les aide comme je peux. Beaucoup de musique au Danemark est chiante… On a déjà entendu ça y’a 7 ans dans le reste du monde et parfois ça perce au Danemark sans trop qu’on sache pourquoi.

NMH – J’ai vu sur Facebook que tu écoutes The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble. J’adore ce groupe !

L.H. – Pareil, et aussi… Bohren & Der Club of Gore, ce truc est brillant ! Il y a une ambiance à la David Lynch, j’adore.

NMH – Exactement! Quel genre de musique écoutes-tu en ce moment ?

L.H. – Toute la bonne musique évidemment ! *rire* Sauf la musique country en fait… Tu sais celle que les camionneurs écoutent *rire* Je déteste aussi la musique lounge ! Et aussi tout ce qui est numéro 1 au Top 50. *rire*

Non, plus sérieusement j’écoute de tout. Je sais que c’est cliché, mais je suis ouvert à tout de la musique classique en passant par l’ambient, le minimalisme et même le death metal.

NMH – Du hip-hop ?

L.H. – Ouais même du hip-hop, j’adore Dälek !

NMH – Oh tu es un homme de bon goût !

L.H. – Oui je pense ou du moins j’aime le penser. C’est pour ça que je ne comprends pas, dans ces listes de fin d’année, que le nouveau Kendrick Lamar est au top… Je ne comprends pas !

NMH – Ces premiers albums étaient excellents pourtant, mais le dernier…

L.H. – Oui et puis il trouve le truc qui marche et ne se renouvelle pas.

NMH – À présent, peux-tu compléter ces phrases de la manière dont tu le souhaites ? Première phrase : je me décrirais comme…

L.H. – Hmmm… *rire* … Un salaud grincheux ! *rire* Non je plaisante… Mais en fait grincheux parce que je sais que je dois continuer à me battre, mais je suppose que ça fait partie du fun. Je pense que, parce que je ne suis pas riche et que je ne veux pas le devenir, je dois être plus inventif, je ne reste pas sans rien faire et je dois bouger. Tu dois donner le meilleur de toi-même pour réussir. On doit trouver différentes solutions aux problèmes et c’est intéressant. Mais quand tu l’as fait pendant 20 ans et que tu n’as toujours pas le budget pour faire ce que tu aimes, ça devient ennuyant.

Je suis super chanceux d’avoir rencontré Steven, c’est quelqu’un de super gentil, d’attentionné. Il m’aide beaucoup ! Mais j’aimerais… En tout cas ça serait cool… De faire quelque chose de complètement différent. Je continuerai à travailler avec lui bien sûr, aussi longtemps que possible, mais je ne peux pas en vivre. J’ai besoin d’autres clients, mais ce n’est pas facile.

Tu sais les gens comme Nine Inch Nails ont leurs gars, Coldplay aussi, Radiohead aussi… Tu sais je m’en foutrais si Katy Perry appelait, je ne dirais certainement pas non ! *rire* Juste pour faire quelque chose de différent.

NMH – Prochaine phrase : Quand je ne prends pas des photos, je…

L.H. – Je suis misérable… Oui. En fait, je fais du montage vidéo pour des documentaires ou des publicités, mais ce n’est pas énorme et ce n’est pas ce que j’aime. Parfois il se passe des mois entre les contrats.

Quand je ne prends pas de photos, je ne m’amuse pas, ça n’est clair, mais j’adore regarder des films et écouter de la musique. Essayer de lire un livre, essayer d’avoir du travail, passer du temps avec mon adorable épouse. Mais faire des photos et de l’art, c’est le numéro 1 pour moi.

NMH – Le meilleur livre que j’ai lu est…

L.H. – Je ne sais pas… Parce que je n’ai pas encore lu tous les bons livres *rire* ni même tous les classiques en fait. Allez peut-être « Montagnes de la folie » de H.P. Lovecraft. C’est brillant ! J’adore ce que font les frères Strugatsky, avec notamment Stalker adapté en film par Andrey Tarkovsky. Je dois lire celui-là !

En fait je ne lis pas énormément parce que je n’ai pas beaucoup de temps. Je travaille encore sur les concerts de Steven Wilson, je dois encore filmer des trucs ce week-end et j’ai travaillé quasiment à temps plein sur l’album de Steve pendant un an et 4 mois maintenant, presque tous les jours.

NMH – La musique a changé ma vie parce que…

L.H. – La musique change la vie de manière générale, elle ouvre des portes, elle ouvre ton esprit comme les livres. Ces deux formes d’art t’obligent à imaginer, à faire tes propres visuels. La musique est une thérapie aussi. Je ne pourrais pas vivre sans musique, j’écoute de la musique 24h/24. Je le fais vraiment, quand je vais au lit j’écoute de l’ambient par exemple.

NMH – La dernière fois que j’ai ri…

L.H. – Tous les jours… *rire* En fait pendant cette interview ! *rire*

NMH – *rire* Ma plus grande fierté…

L.H. – La fierté peut venir d’une chose, d’une personne ou de quelque chose que tu as fait… Et personnellement je dirais mon épouse. L’amour en fait. Je ne suis pas matérialiste, donc, si j’en avais une, je ne dirais pas que je suis fier de la grosse BMW que je viens d’acheter par exemple…

NMH – Mon plus grand regret…

L.H. – Hmmm… Probablement… Il y en a plusieurs en fait. *rire* En fait c’est ma faute, mais mon plus grand regret est de ne pas avoir dit non à certaines conneries venant de certaines personnes… Tu sais les gens qui ne savent pas tenir leurs promesses ou autres. D’une certaine manière, c’est un peu ma faute de vouloir croire aux gens, je suis parfois trop naïf. Je crois toujours en le meilleur des gens et je suis parfois déçu et triste quand les choses ne se passent pas de la meilleure manière.

Cela dit, je continuer à croire que les gens sont bons.

Visuel de la dernière tournée de Steven Wilson

NMH – Finissons en beauté et dans la joie. Peux-tu choisir entre ces deux termes : livre ou ebook ?

L.H. – Livre ! Bien entendu.

NMH – Écouter de la musique ou regarder des photos, peintures ou autres.

L.H. – Les deux en même temps. C’est ce que je fais tout le temps en fait *rire*

NMH – C’est tricher ça ! MP3, CD ou vinyles ?

L.H. – J’ai dû vendre toute ma collection de vinyles en fait. Ce que je regrette à mort. J’avais plus de deux mille vinyles avec pas mal de premiers pressages, etc. Des trucs très rares et j’ai tout vendu pour une bouchée de pain. Je n’avais plus la place pour les garder, ils restaient aussi dans le grenier et commençaient à pourrir pour certains donc…

Donc pour répondre à ta question ce serait CD et vinyles.

NMH – Lumière ou ombre ?

L.H. – L’un n’existerait pas sans l’autre ! J’ai besoin des deux pour mes images.

NMH – Bière ou vin ?

L.H. – Je ne bois pas beaucoup, mais je dirais vin.

NMH – Et la plus importante « French Fries » ou « Belgian Fries » ?

L.H. – *rire* Tu dois m’expliquer ce que sont les « Belgian Fries » alors !

NMH – Des frites qui viennent de Belgique !

L.H. – Quelle est la différence ?

NMH – Elles sont meilleures, c’est tout. *rire*

L.H. – Donc « Belgian Fries » alors ! *rire*

NMH – Merci pour cette très chouette interview en tout cas !

L.H. – Merci à toi c’était cool ! Mais je dois terminer en disant que nous travaillons toujours sur un livre à propos de Porcupine Tree avec Steven. Il y aura donc un énorme livre qui sortira probablement aux alentours de Noël 2018.

Il y aura plein de trucs inédits dedans. À l’époque je tournais avec eux, je faisais les lumières, les visuels, les photos et les documentaires.

NMH – Super, ça, c’est de l’info inédite, merci beaucoup pour ce moment !

L.H. – De rien, à bientôt !

  • Guillaume

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