Rédacteur en chef et Fondateur de NMH. Spécialisé dans le post-rock, l'ambient, le post-metal, le psychédélique et la musique progressive en général.

Le renouveau.

La sortie d’un nouvel album d’Amenra est toujours un événement. Surestimé pour certains, véritable culte pour d’autres, le groupe flamand déchaîne les passions, d’un côté comme de l’autre. De Doorn, traduisez L’Epine en français, signe donc le retour de Colin H. Van Eeckhout et de ses acolytes. Le disque marque aussi le début d’une ère nouvelle, tout d’abord avec un changement de label. Il s’agit en effet du premier effort sorti chez Relapse Records, pour notre plus grand plaisir d’ailleurs. De Doorn symbolise également une sorte de rupture, du moins avec le format Mass… Les messes font partie du passé du groupe, il y en a eu 6, et j’embrasse la décision du groupe de se renouveler, non seulement dans le son, mais aussi dans les titres.

De Doorn est aussi le premier album chanté exclusivement en néerlandais, et si Colin avait saupoudré avec parcimonie Mass VI de poésie en flamand, il en fait un fil rouge ici. Ces quelques mots en néerlandais placés çà et là confèrent à l’ambiance une intimité déjà présente dans les mélodies. Cela contribue certainement à renforcer la cohérence dont Mass VI manquait peut-être. Ici, passages lourds et intenses ponctuent les moments plus calmes, posés, au-delà du temps… Du moins, c’est mon sentiment.

« Ogentroost » démarre un peu comme tous les autres albums du groupe, et c’est peut-être là une des rares similitudes avec les précédents, hormis le chant hurlé, si propre à Colin, qui semble s’améliorer d’année en année. Caro Tanghe, chanteuse d’Oathbreaker, vient prêter main forte à Colin tant pour les hurlements que le chant clair. Leurs voix se mêlent l’une dans l’autre et entrent en symbiose, si bien qu’on ne sait parfois plus qui chante tant la cohérence est de nouveau de mise.

Amenra, qu’on le veuille ou non, c’est de la musique qui se vit intensément et fait ressortir nos douleurs les plus profondes pour les guérir à jamais. De Doorn se ressent jusque dans nos tripes, il s’y développe et explose à maintes reprises, toujours au bon moment. « Voor Immer » synthétise tout ce qu’il y a d’excellent dans ce disque avec une longue introduction calme, mais sombre. Une intro où l’on sait que tout peut basculer, et tout bascule vers la fin pour le climax final d’un album qui demande plusieurs écoutes pour être apprivoisé.

Il y a des disques qui ne méritent pas plus qu’une simple et courte éloge. Celui-ci en fait partie. Foncez donc écouter De Doorn si ce n’est pas encore fait. J’espère qu’il aura sur vous l’effet cathartique qu’il a eu au plus profond de moi. Je pensais que les émotions de « A Solitary Reign » ne pouvait plus êtres provoquées en moi, et je me trompais. Amenra vient de le faire sur un album tout entier où puissance rencontre beauté sombre, purifiante et, bizarrement, jamais malsaine.

  • Guillaume

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