Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

M’étant éloigné dans la scène black folk avec les années qui passent, cela faisait longtemps cependant que j’espérais, attendais une suite à la carrière des Allemands d’Empyrium. Je les avais découverts grâce au superbe Weiland sorti en 2002 (et oui, le groupe est actif depuis vingt-ans, allez jeter un œil à leur discographie), m’ayant laissé une impression forte à l’époque. Pas inexplicable car autant par le son que les compositions et les voix, le duo se distingue en n’écartant aucune piste de travail. Ainsi, ils n’hésitent pas à inclure du chant presque grégorien, une voix caverneuse, celle de Markus Stock, écrasante de charisme et envoûtante tout comme du growl, parfois plus death, parfois black.

Le groupe disparut des radars avant de revenir avec la pièce maîtresse The Turn of the Tides douze ans plus tard en 2014, où le groupe a complètement abandonné son approche black sur l’instrumentation et proposé un album à mi-chemin entre du post punk, de la dark wave, un peu à la Ulver tout en réussissant à garder son identité propre. Cet album marquait l’indépendance d’artistes se libérant de toute pression mercantile pour produire son reflet, celui qu’il croise le matin en se regardant dans un miroir. De nouveau, sept années se sont écoulées et les revoici pour mon plus grand plaisir avec ce Über Den Sternen (traduisez « Au-dessus des étoiles »). ils ont pris leur temps pour le faire et choisi le moment propice pour amener un peu de poésie dans un monde qui court à l’effondrement.

Un artwork simple et à la fois super détaillé nous accueille pour ce voyage onirique. Cela me rappelle vaguement Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry dans l’idée. Volontaire ou non ? Peut-être que le groupe nous fera l’honneur de commenter celui-ci en bas de cette chronique 😊 ? Bref, attaquons cet opus par la superbe ballade « The Three Flames Sapphire », immortalisée par un superbe clip d’ailleurs. Je n’en dis pas plus, faites une pause dans la lecture, installez-vous confortablement et laissez-vous rêver.

Alors ? Pas mal non ? On est partagé entre cette tension que crée l’ambiance dark et la douceur qu’apportent le chant et les arrangements acoustiques. D’habitude, je ne suis pas vraiment un fan de flûte, mais quand c’est utilisé à bon escient comme dans ce cas-ci, cela apporte vraiment un sentiment ambigu à l’écoute. “A Lucid Tower Beckons on the Hills Afar” revient à des racines plus lourdes en basculant dans des aspects plus dark. Le growl fait son retour dans une composition d’Empyrium, avec un refrain cependant très aérien et cathédral. Le mot épique, que je n’avais pas employé depuis des lustres, me vient à l’esprit. Des nappes de claviers donnent de l’air au milieu du morceau pour partir dans le susurrement d’une catacombe abandonnée. Au casque, cela résonne comme dans une grotte. « The Oaken Throne » nous emmène dans des terres plus proches d’un doom acoustique ou un post rock très alambiqué, c’est selon. Toujours cet écho dans les voix et les divers instruments utilisés. Le final de ce morceau lorgne vers le post metal en lui apportant une touche presque médiévale. Absolument sublime et étonnant.

« Moonrise » revient aussi aux premières amours du groupe avec ce folk acoustique instrumental qu’ils gèrent si bien. C’en est presque cinématique. Les connaisseurs feront un rapprochement avec les très rares Dornenreich ou encore Agalloch, Falkenbach. Magistral. Cet interlude acoustique nous amène sur le plus oppressant « The Archer » où le groupe persiste dans sa veine folk et s’y permettant de nouveau une forme de choralité ancienne. C’est très romantique, romanesque et pourtant traité avec modernité via le mixage de batterie en avant.

« The Wild Swans » enfonce les teintes à l’esthétique gothique assumées et bien réalisées. Le chant growl apporte de nouveau un plus. Ce que j’apprécie effectivement dans l’évolution du groupe, c’est la patience avec laquelle ils jouent. Je veux dire par là que tout est pensé et réfléchi pour rendre l’art ce qui est à l’art et l’émotion ce qu’elle est à l’humain. De nouveau, la seconde partie du morceau monte en intensité et ils sont à mon sens devenus trop rares globalement, ces moments de chants growlés élevant l’esprit dans une dimension romantique. Écoutez ce morceau, vous comprenez certainement ce que j’essaye de vous transmettre. Il est d’ailleurs assez peu courant que j’éprouve des difficultés à décrire mes sensations. C’est tellement Empyrium m’emporte, je pense. Et m’y perdre est agréable.

Après un second interlude toujours dans une forme de minimalisme comme notre rédacteur en chef les aime, l’éponyme « Über den Sternen » conclut l’effort sur plus de dix minutes. Le riff de départ soutenu est agrémenté par le chant growl avec des chorales caverneuses en arrière-plan. L’acoustique, décidément au centre du jeu d’Empyrium, nous fait de nouveau rêver. Certains diront que cette voix ne leur convient pas. Pour ma part, c’est le seul morceau de cet opus chanté dans la langue de Goethe et je le trouve vraiment très prenant. Empyrium nous conte une histoire où deux personnalités s’entremêlent dans les cieux. Cette chanson est une conclusion parfaite pour un album superbe. Une fois lancé, vous ne le lâchez plus. La beauté de la bête a été dévoilée tout au long d’Über den Sternen.

Certes, Empyrium n’est pas un groupe productif en termes de quantité mais c’est dans le but d’assurer une qualité parfaite, tant au niveau des compositions, que de la production ou de la non-redite. On ne tombe jamais dans une sorte de caricature du genre musical, parfois trop associé au Moyen-Âge, comme certains groupes ont tendance à, hélas, jouer sur ses aspects. L’impression de liberté a envahi mon âme tout au long de cette galette, reflétant ainsi cette même liberté que le duo allemand s’octroie en composant en fonction de ses envies et non d’un dictat, la franchise semble un maître mot. Cet album revient plus à certaines racines d’Empyrium et fait du bien à l’écoute. À noter que l’album est également paru en édition « Luxus » comprenant un morceau inédit final, que je n’ai malheureusement pas eu la chance d’écouter. Il n’est pas forcé que le prochain opus sera dans la même veine. Et c’est ce qui fait la puissance évocatrice, émotionnelle du groupe, son charme. En attendant, je vais me repasser cet album en observant les étoiles ce soir et penser qu’il est possible de s’élever encore plus haut en tant qu’être humain. Je ne peux, bien entendu, que vous inviter à partager ce voyage en ma compagnie.

Bonne écoute.

  • Tiph

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