Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

La darkwave fait un retour assez puissant dans le paysage musical, avec parfois des artistes, parfois des artistes qui valent vraiment le détour. Foxeagle fait partie de cette seconde catégorie. Parce qu’il n’y a pas que de la darkwave, justement, dans le son proposé par la musicienne française. C’est beaucoup plus complexe, complet, intriguant, absorbant, charmant et malsain. Le tout en une seule sensation : la vibration. Celle du cœur et des fréquences du cerveau. L’encéphalogramme plat, mais pleinement vivant. Car un cœur continue de battre si on le débranche (je vous laisse cogiter là-dessus).

 

Derrière ce projet se cache Émilie Célarier, une artiste lyonnaise qui se joue des codes en mélangeant darkwave, post-rock, ambiant et un folk à la Chelsea Wolfe. Active depuis 2016, elle a sorti en octobre Waves on Water, son premier album chez Last Disorder. Et franchement, il vaut le détour, il est plus que prometteur pour la suite de sa carrière.

Artwork rendant hommage au célébrissime Unknown Pleasures des Joy Division (du moins ce que j’en déduis), Foxeagle se veut une sorte de descendant de Ian Curtis à qui on aurait emprunté son fantôme pour l’habiller de post-rock et de ce brin de voix capable d’éteindre toute nuisance autour d’elle. Le chant d’Émilie part plutôt vers les tons graves, avec des textes intimistes, chantés avec sincérité et sans calcul. Le rendu scénique doit vraiment être intriguant.

Si d’apparence, on pourrait avoir cette fausse impression de songwriting « classique », on se rend vite compte que le propos en arrière-plan apporte une couche de profondeur très forte à l’album. À commencer par ce « Constancy » assez glaçant, m’ayant rappelé les fabuleux FVNERALS, et qui met directement en conditions. Quelque part entre Nick Cave, Bat For Lashes, Joy Division, Jarboe, Chelsea Wolfe, Noir Désir et consorte (vous imagez les influences de tout ce beau monde et le public ?), vous tombez nez à nez avec Foxeagle. Et la rencontre va laisser une trace dans l’épiderme des lobes de mes oreilles. Les influences derrière cet univers sont nombreuses, variées et valorisées. De plus, Waves On Water est parfaitement produit.

« Stendhal (Syndrom) » m’a totalement scotché dans mon divan et je suis resté plusieurs minutes immobile, en sentant les battements de mon cœur s’accélérer malgré que le morceau soit certes lourd, mais pas violent. Je suis allé consulter par curiosité ce qu’est le syndrome de Stendhal. Il prend tout son sens avec ce titre et cette montée aussi drone que sludge sans jamais utiliser une batterie est véritablement une bouffée d’air contaminée.

Les trois autres morceaux composant cet album vous amèneront aussi très loin dans vos élucubrations (comme « Haunted Land » pour ne citer que lui). Peut-être pas aussi dingues que les miennes, certes, mais vous allez trifouiller au fond de votre conscience en vous laissant emporter par ces vagues sur l’eau, ce matelas d’eau où votre colonne vertébrale va flotter dans de sombres desseins.  Le travail d’orchestration en sous-couches est vraiment bien arrangé et confère cette ambiance si malsaine à l’album. « How Long » conclut l’album comme il se doit : vous abandonnant au bord de la mer sans savoir que faire, si ce n’est s’enfoncer dans les vagues pour retrouver la sensation que l’on vient d’effleurer à l’écoute de ces cinq morceaux.

Ce qui devait de base être une mini chronique journalière s’est finalement transformé en chronique pour notre webzine. Ce que j’ai aimé justement (et c’est en lien), c’est le lâcher-prise que m’a imposé Foxeagle sans vraiment que je m’en rende compte. Il est précisément 21.47 quand j’écris ces mots. Émilie et ses fantômes m’ont absorbé dans l’atemporalité, dans un moment où Tiph n’était plus Tiph, mais l’une des vibrations, une fréquence de Foxeagle.  Faites l’expérience, vous me rejoindrez dans le monde des vibrations et des fréquences et découvrirez cet univers fascinant.

Bonne écoute

  • Tiph

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