Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Quand on grandit, ou que l’on devient plus mature (du moins en apparences) il n’est pas rare d’avoir envie de retrouver ses racines et ses bons souvenirs. Alors, d’un point de vue musical, on se passe ce que l’on écoutait de bon il y a quinze, vingt ans, quand on était adolescent et insouciant. Cela nous fait du bien. Parfois, pour ceux qui sont dans la trentaine comme moi, on souhaiterait qu’il y ait un relent de Ninetie’s dans des formations récentes, pour ne pas forcément devoir replonger dans le passé, à la recherche des Smashing Pumpkins, les Alice In Chains, les Kyuss, Queens Of The Stone Age et consorts. Alors, on cherche un peu pour se laisser surprendre au détour d’une fusion des genres, qui sait.

Et enfin, on le trouve. Un groupe rendant une approche 2020 avec des relents années 90 dans sa composition et ce feeling si stoner et grunge à la fois. Il se trouve à l’autre bout de la planète en Australie et répond au nom de Foot.

Alors non, nous n’allons pas parler d’Harry Kewel, Josip Skoko, Matthew Ryan, John Aloisi ou Mark Viduka (vous pouvez checker, ce sont toujours de talentueux joueurs) ni de football mais bien de très bonnes vibes oscillant entre rock alternatif, stoner et grunge selon les envies des membres de Foot. The Balance Of Nature Shifted est paru en mai dernier et mérite un peu de visibilité sur le vieux continent. Après un EP en 2016 (la description Bandcamp le considère cependant comme un album), son premier album Buffalo en 2018, les revoici tels des métronomes avec à chaque sortie deux ans d’écart. Que nous propose-t-il ?

« L’équilibre de la nature a changé » ou « de la nature transformée » nous indique le nom de l’opus, avec un visuel en adhésion avec cette remarque. Superbe représentation de la nature emprisonnant une ville dans ses griffes. Ou peut-être serait-ce l’inverse ? On ne sait pas trop car l’équilibre ne semble pas encore assez balancé au moment de la captation mémorielle de l’image. La couleur jaune des feuillages me rappelle ces immenses incendies qui ont ravagé l’Australie début 2020, avant que l’infiniment petit ne s’invite dans nos quotidiens et nous forcent à arrêter de nous indigner de ces pauvres kangourous et koalas en perdition. Ça c’était mon commentaire nerveux, ça, c’est fait. Cependant, la dimension écologique de ce visuel est certes simple mais très parlante.

« Despair On Hope Street » et « E-Sports » distillent un son très Ninetie’s, rock alternatif et assez rythmé avec dans les deux cas, un bon solo. Il sent bon le Kyuss, les Smashing Pumpkins, Pearl Jam avec une voix claire qui aurait pu se fondre dans l’armada d’excellents groupes de ces années-là. Sincèrement, ça aurait une bonne bande originale pour un Terminator, à l’époque où l’on osait encore mettre des groupes heavy pour faire les chansons de film. Second commentaire nerveux.

C’est ensuite le cou et/ou comme moi, le reste de votre corps qui va se laisser aller sur la lourdeur de « Green Embers », plongeant cette fois l’auditeur dans les racines stoner de Foot. Un bol tibétain vous montre la voie. Le bong se trouve juste à côté. C’est parti pour cinq minutes de trip chamanique. Il y a ce petit quelque chose d’Alice In Chains dans le chant, vraiment pas déplaisant.

« Ride It Out », « Break The Altar (Light/Shade) » et « Investment » nous ramènent à l’alternatif avec tantôt des pointes A Perfect Circle, époque Mer de Noms, tantôt des passages plus proches de ce que proposent les QOTSA, pour ne citer qu’eux. Toujours rythmé comme il le faut. Clairement, le groupe ne semble pas se cacher de son amour pour la bande à Josh Homme, que je partage à 100% d’ailleurs.

Nous approchons doucement du terme de cet opus. Le vrombissant blues catchy de « Neighbours » nous indique dans quel train nous installer. Celui qui va traverser le désert aride, dangereux mais lancinant, inquiétant mais qui nous garde en alerte. L’accélération sur « Manic Progression », alors que l’intro est plutôt lancinante, fait penser à du Pearl Jam en plus psychédélique. Encore un morceau qui aurait pu être une bande originale dans les années 90. L’opus se termine sur « High » et si vous n’aviez pas saisi l’allusion sur « Green Embers » plus tôt, c’est le moment de s’installer dans l’herbe confortablement et de profiter du soleil couchant en se remémorant de bons souvenirs, accompagné d’un… enfin voilà quoi. C’est peinard, c’est agréable, ça fait plaisir. Attention tout de même, le final déménage sévère pour se finir en larsen. Je n’en attendais pas moins.

Bénéficiant d’une excellente production, je vous conseille d’écouter The Balance Of Nature Shifted en voiture, ça dégage une intensité forte, je suis allé exprès sur l’autoroute pour voir ce qu’il a dans le ventre pour tout vous dire. Opus qui prend de l’expansion sur de bonnes enceintes, Foot transforme son essai stoner en quelque chose de plus profond encore, en faisant honneur et utilisant à bon escient les influences citées dans ce texte. Il y a du blues, du rock alternatif, du grunge, toutes ces fusions apportent un véritable plus à l’album, là où Buffalo était plus stoner « classique », si je puis me permettre d’utiliser ce terme. En sachant que nous sommes en été et que la saison des barbecues bat son plein, cet album est parfait pour accompagner vos repas avec les potes et les beuveries qui les suivent. Ou les précèdent, c’est selon. Sur ce, je vous laisse, je vais refaire un tour d’autoroute pour me repasser cette bombe. Et puis, j’irai à un barbecue.

Bonne écoute

  •  Tiph

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