Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Un visuel immonde et ragoutant, haut en couleurs et surtout une véritable photo, troublante, travaillée et intrigante. Il n’en fallait pas plus pour me donner envie de découvrir l’univers des Vile Creature, originaires du Canada et qui publiaient Glory, Glory ! Apathy Took Helm il y a à peine quelques jours. Et le moins que l’on puisse dire au vu de l’artwork, comme du contenu, est que nous avons affaire là à une œuvre pure et viscérale .

Troisième album signifie souvent maturité et assurance. Vic et KW, les membres de Vile Creature, n’en manquent clairement pas. Ils proposent à travers cet opus une descente au tréfond de leurs organes, à moins que ce ne soit ces derniers qui viennent à nous tant on a le sentiment que les deux artistes vomissent toute leur haine et leur mal-être en pratiquant un doom sludge proche de ce que Thou offre avec leur identité et leur son. Mais l’idée reste la même : expulser le mal, laisser son âme parler en utilisant les corps et l’expérimentation, la recherche de la note la plus grasse, la plus lourde, la plus noire.

C’est d’ailleurs d’entrée qu’on plonge dans le marasme avec « Harbringer of Nothing », balançant un riff écrasant sur une voix éthérée au possible. Un doom sludge me ramenant aux excellents Phantom Winter en Europe par exemple. C’est glacial, mais on se sent cerné de flammes. Le paradoxe est envahissant et s’insurge dans les veines. On ne veut plus bouger tant on a peur, mais on en redemande. Le mal se répand encore plus insidieusement sur le plus atmosphérique « When The Path is Unclear », seconde piste de plus de dix minutes. Le groupe nous emmène dans notre subconscient pour essayer d’y apercevoir notre véritable personne. Ce que j’y trouve est innommable. L’envie de hurler et tout détruire autour de moi est forte. Retiens-toi Tiph.

You Who Has Never Slept” est annoncé comme s’il fallait tourner la face du vinyle pour poursuivre l’expérience. Le rythme est plus martial et les deux artistes trinqueballent ma carcasse où bon leur semblent. C’est très noise avant de démarrer sur un sludge très lourd et malsain. Il suffit de laisser son corps s’emporter avec le rythme. À haut volume, tout tremble autour de moi, la fin s’annonce démentielle si on reste dans cette lignée. Et elle l’est.

Pour terminer son œuvre, Vile Creature a inclus un mini EP dans son album en divisant le titre en deux morceaux connectés l’un à l’autre. Vous pouvez regarder cet extrait dans le noir complet, il en prend toute son essence et sa puissance. Quatorze minutes durant lesquelles nous aurons du drone, de l’atmosphérique et du chant. Le début rappelle un peu Chelsea Wolfe ou Myrkur pour tomber dans les entrailles d’une secte meurtrière, où l’Humain n’est que cendres et futilités. C’est un rituel de quatorze minutes qui conclut cet opus. Les chœurs sont purs et oppressants. On est absorbés totalement et on redemande à chaque larsen. Jusqu’au silence qui s’abat une fois terminé. J’en reste retourné, mal dans ma peau et pourtant, j’ai fait comme eux : j’ai expulsé un mal de ma peau.

De nuit à la lueur d’une bougie, cet album est un hybride où la lumière ne filtre jamais. Cette bougie n’existe que dans notre tête, elle est notre seule bouée de sauvetage, mais à quoi bon, si couler dans le néant au son des Vile Creature est tant attirant ? D’une simple pression des doigts, j’éteins cette flamme et replonge dans ce monstre onirique et écrasant.

Bonne écoute

  • Tiph

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