Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Je dois bien vous l’avouer d’entrée de jeu : jamais je ne me serais intéressé à cet album, live qui plus est, sans la présence de Beth Gibbons, la voix de Portishead et l’une des plus belles sur Terre à mon sens. La musique classique, je n’y connais pas grand chose. Sa complexité et son élitisme peuvent faire rebrousser chemin à plus d’un. C’est donc d’un œil extérieur que je vous propose de faire connaissance avec l’œuvre créée par le Polonais Henryk Górecki en 1976 (décédé en 2010) sur laquelle la sombre Anglaise pose sa voix. Et excusez-moi du langage, bordel de merde quelle voix !

La Troisième Symphonie de Górecki, autrement appelée « La Symphonie des chants plaintifs » est une composition de 48 minutes qui est, comme son nom l’indique, très émotionnelle et très triste dans son approche. Elle est divisée en trois mouvements, pour suivre le langage musical dans le domaine classique et traite sur fond religieux et de seconde guerre mondiale, la relation entre une mère et son fils, entre amour, prière et deuil. Le second mouvement (entendez par là second morceau) est particulièrement connu pour avoir été utilisé dans des films comme The Tree Of Life avec Brad Pitt et Jessica Chastain, ou encore (et c’est peut-être un peu plus improbable mais pourtant cohérent) dans le jeu vidéo Call Of Duty WWII. Dans notre cas, Beth Gibbons prête sa voix à cette mère en version soprano. Et si vous ne la connaissiez pas via Portishead, sachez que vous serez tout bonnement bluffé par sa performance.

Invitée par le chef d’orchestre polonais Krzysztof Penderecki à venir réinterpréter cette symphonie, la performance vocale de Beth Gibbons est pure, juste, parfaite, théâtrale, mais pourtant elle reflète une véritable sincérité. Rien ne semble surjoué. En fait non, aucune note n’est surjouée. Elle est cette mère qui perd son enfant. Par déduction comme si la Vierge Marie avait perdu son fils Jésus. Si ce n’est que là, il ne semble pas y avoir une résurrection.

Et c’est grâce à elle que je m’intéresse à cet album, découvre toute la magnificence de l’opéra, la multitude d’instruments utilisés dans l’Orchestre Symphonique National de la Radio Polonaise. Cet orchestre a été dirigé par de grands noms avant Krzysztof Penderecki. Parmi les plus connus, on note Barbara Hendricks, Placido Domingo ou Krystian Zimerman. Ces noms vous disent forcément quelque chose.

Pour les fans de Portishead, vous ne serez pas trop dépaysés en vous focalisant uniquement sur Beth Gibbons. L’artiste aujourd’hui âgée de 55 ans, n’a rien perdu de sa sublime voix, tantôt sensuelle, tantôt et surtout dans ce cas présent, plaintive. Et elle fait toujours passer autant d’émotions dans son timbre de voix si spécial. Pour ceux qui, comme moi, ne connaisse rien à la musique classique et qui paraît si « fermée » vue de l’extérieur, cet œuvre est un moyen de découvrir en douceur cette splendeur mais avec tout de même une intensité immense et une grandiloquence à couper le souffle.

À noter et pour terminer cette chronique, que le chef d’orchestre officiant à côté de BethKrzysztof Penderecki, nous a quitté ce 29 mars dernier, à l’âge de 86 ans. Je peux presque vous assurer que Beth lui a offert un dernier tour de piste à la hauteur de son talent en prêtant sa voix à cette dantesque symphonie.

Faites comme moi, posez-vous dans votre divan, éteignez les lampes, laissez-vous emporter par cette douce douleur et profitez de ce moment d’apaisement assuré et tellement nécessaire en ces temps difficiles.

  • Tiph

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