Rédacteur en chef et Fondateur de NMH. Spécialisé dans le post-rock, l'ambient, le post-metal, le psychédélique et la musique progressive en général.

Un phosphène est un phénomène étrange, particulièrement lorsqu’il est observé sous l’angle de l’interprétation poétique. Scientifiquement parlant, il s’agit d’avoir l’impression de voir de la lumière alors qu’il n’y en a pas. Vous savez, lorsqu’une source lumineuse puissante vous éblouit si fort qu’une tâche reste, pendant un moment, dans votre chant de vision. Poétiquement parlant, imaginez être capable de voir de la lumière alors qu’il n’y en a pas dans le monde physique… N’est-ce pas intrigant?

Vous connaissiez Mireplaner, le groupe finlandais qui vous a mis une claque de malade l’année passée avec son gros post-metal bien lourd? Eh bien Fargue, c’est un duo composé d’un des membres de Mireplaner, Eeli Helin, et du Suisse Samuel Vaney. Rien à voir avec la puissance brutale de Mireplaner, Fargue est un projet d’ambient vraiment délicieux qui ravira les fans de Syndrome, de CHVE ou encore de thisquietarmy. Et si cela ne suffit pas à vous convaincre, je peux vous dire que le groupe a été loin dans la recherche pour pouvoir donner à Phosphène tout le sens poétique qu’il mérite.

Ca commence par l’utilisation du français, non seulement dans le titre de l’album, mais aussi dans les noms des morceaux. Beaucoup de gens apprécient notre langue pour son côté poétique, même s’ils ne la parlent pas. « Au travers de la lumière, l’ombre n’est que poussière« … J’adore. Non seulement la musique me parle, mais la langue utilisée est fort à propos. Ensuite vient l’artwork. Sublime. Il capture à lui seul la valeur poétique du mot Phosphène. Ce grenier rempli de chaises symbolise pour moi les vestiges du passé. Les tons de couleurs employés collent à la musique qu’ils illustrent. On peut presque entendre cette pochette. Entendre les couleurs. Non, je n’ai rien pris de bizarre. Sachez d’ailleurs qu’entendre les couleurs et voir les sons, ça existe, ça s’appelle la synesthésie et ça ferait presque rêver.

Et enfin, la musique. J’ai peu de mots pour exprimer ce que j’ai ressenti à la première écoute de Phosphène, tant les émotions sont plus fortes que les explications. Le duo a réussi à atteindre l’objectif que tout album d’ambient ou de drone se devrait de convoiter : l’immersion. Ici, elle est totale. Lorsque j’écoutais pour la première fois ce disque, j’étais en train d’écrire. La connexion à la musique et la synchronisation avec l’écriture était parfaite. Si parfaite que lorsque l’album toucha à sa fin, la déconnexion fut brutale. Que vient-il de m’arriver là?

Phosphène démontre une nouvelle fois que la musique instrumentale minimaliste n’a pas besoin de mots, ou de paroles, pour raconter une histoire. L’album vous plonge dans une ambiance mystérieuse et sombre dont il est difficile de se détacher tellement les émotions sont intenses. Elles sont proportionnelles au talent du duo de musiciens. Et ils prouvent que lorsqu’un artiste est capable de fournir des efforts brutaux sur du metal, il est aussi capable de se contenir et de communiquer la même énergie, avec tout autant de vigueur, par le biais de mélodies minimalistes. « Le moyen de fuite » est le parfait exemple pour illustrer mes propos. 

Bravo Fargue, et merci pour la musique.

  •  Guillaume

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