Seuls dans la nuit…
Voici désormais un peu plus de deux mois que j’écris pour NMH. Et à la suite d’un quiproquo, ou dans ce cas-ci un « qui prend quoi », j’ai fait une première chronique sur Of The Vine dans le cadre des #dunkathome, en découvrant que le groupe propose un nouvel opus tardivement. Eh bien, c’est avec un certain plaisir que je repasse déjà sur un artiste pour la seconde fois en si peu de temps. C’est également avec une joie non dissimulée que ce soit ce groupe en particulier, qui nous propose ce Left Alone chez Dunk!Records s’il vous plaît.
Là où East-the-Water se présentait comme une brume matinale, les Américains nous emmènent cette fois dans les méandres de la soirée et la nuit qui va se lever. Non non, je ne me trompe pas, la nuit va se lever, pas tomber. Il est 22h48 dans l’image que je vous propose de vous créer, en tente, quelque part dans les montagnes que seul vous connaissez. Et vous vous sentez bien. Car si le propos global de l’album se veut plus sombre, il n’est pas pourtant menaçant.
Les sublimes « Left Alone » et « I’m Morrissey, I’m dead » nous plongent dans près de vingt minutes où les fantômes de Oh Hiroshima ou Alcest font leur balance au pied de la plaine. C’est très doux, lancinant, mais pas dénué d’énergie. La tension monte d’ailleurs, la nuit s’électrise. On a droit à un passage influencé par le Post-Black. L’atmosphère n’en est que renforcée.
Comme à leur habitude, le chant est placé quand il est nécessaire. « Mess it Up », présenté comme un interlude où l’on recherche le pardon. Ou le chemin pour y arriver. On est toujours au-dessus de cette plaine, on voudrait descendre la ou le retrouver mais on n’ose pas. Va-t-on trouver le courage sur « Exmoore » ? On ne s’est pas retrouvé là-haut sans raison. L’enchainement est parfait. L’émotion se fait de plus en plus forte, les nuages dans le ciel s’éclaircissent et laissent place aux étoiles. L’immensité céleste nous protège. Voilà ce que ce titre m’inspire. Littéralement de la protection. L’intensité est plus forte et à son sommet dans la seconde partie du titre.
Il ne reste déjà plus que deux titres pour savoir comment trouver les mots. Sur « Forelorn » on s’est assoupi. Le propos est très calme dans les premières minutes de la composition. On se laisse assombrir par la fatigue et la nuit et jamais on ne se sent inquiet. Un drone lancinant va pourtant nous indiquer qu’il n’est pas l’heure de dormir pour s’épanouir. Dans la plaine Oh Hiroshima est prêt à jouer. Et là on a le sourire. Les lumières inondent notre plaine. Ça et les étoiles on en reste sans mot. À 4 minutes et 53 secondes, on sent même notre tête partir dans des mouvements qui suivent le rythme.
Il est quelle heure là ? Ah beh on n’a pas de montre. On s’est endormi ou on a juste plané pendant toute la nuit ? « Ilfracombe » annonce les premières lueurs du soleil. L’aube annonce la nouvelle aventure à venir. Il va falloir redescendre et aller la ou le trouver. On ne peut pas la ou le laisser s’en aller sans nous. La basse et la batterie sont plus rythmées, on trouve le courage de replier cette tente, prendre son sac et on attaque la descente en forêt avec le soleil pour lanterne, on a pris le temps de réfléchir. Nos idées se remettent en place sur les divagations du groupe. Dans la plaine, le concert arrive aussi à sa fin. Nos réflexions s’éteignent petit à petit pour laisser place à nos certitudes. L’album se termine en soubresaut. Bon retour à la réalité.
Vous aurez remarqué que j’ai bien divagué durant cette chronique. C’est en quelques sortes l’effet qu’Of The Vine a laissé sur moi. De la divagation, mais surtout du lâcher prise, de l’assurance, du bien-être. Car durant l’écoute de ce très bel album, j’ai oublié mes tracas et plongé dans un univers où je me sentais bien. Il est probable que je remontrai en haut de cette plaine rapidement je pense.
Suivez-moi, je connais le chemin.
- Tiph