Post Rock, Post Metal Doom, Sludge, Trip Hop, Prog, Mathrock, Chaotic Hardcore. Des mots tout cela, des étiquettes. Laissez-vous guider par mes émotions. Orienter les vôtres et vous donner de quoi rêver. Planer ou encore vous déchaîner.

Il est des artistes dont seul le brin de voix suffit à éteindre toute nuisance sonore autour d’elle, que ce soit dans un salon, installé dans un divan, ou dans une salle de concert archi pleine. Leurs voix surplombent tout et vous envoutent, vous hypnotisent. Expérience vécue en live, King Dude fait partie de ces immenses artistes.

L’auteur compositeur vient de sortir son huitième album, sans compter les divers Ep’s et Splits. On est loin d’avoir un amateur face à nous. Pour décrire son univers, laissons le romantisme s’emparer de notre imaginaire. Si Chelsea Wolfe est l’incarnation de la Belle, King Dude en serait la Bête. Si ce n’est qu’à la fin, il ne redevient pas un homme. Il reste ce monstre à la voix caverneuse et ténébreuse, laquelle vous hantera jusqu’au bout de la nuit. De toutes vos nuits.

Après deux albums plus énergiques oscillant entre Dark Rock et Blues « moderne », l’artiste revient à ses premiers amours : l’acoustique et le Folk gothique. Un visuel angoissant, représentant une sorte de sorcière satanique, en ambivalence avec le contenu du disque, va porter nous transporter dans les pensées sombres, parfois romantiques, sensuelles et oniriques du chanteur à la voix tout bonnement fantastique. Une des plus belles au monde selon moi, mais c’est bien entendu subjectif.

L’album n’est pas très long. Trente minutes de folk où l’amertume côtoie de superbes textes introspectifs ( « My Rose by the Sea / Satyr Boy« ,  « Forty Fives Say Six Six Six”, “Make Me Blind” ), pourtant entêtants. L’éponyme en extrait « Full Virgo Moon » et « The Satanic Temple » s’écoutent avec une sorte de relent de son propre passé. On pense aux années écoulées et on se demande d’où on vient, où on va. C’est très poétique, les arrangements en fond sont parfaitement dosés pour créer l’ambiance nostalgique.

« A funeral Song For Atheists« , version piano/voix de “Make Me Blind” donne une autre dimension à un morceau du même album. C’est très beau, c’est d’ailleurs dans ces moments là que sa voix se fait la plus lourde et sensuelle en même temps. Un vrai timbre de crooner « dark ». Le moment le plus sensible est le bouleversant « Forgive my Sins  » dans cette veine. À nouveau quand il chante, le silence se fait. Même mon enfant en bas âge l’écoute religieusement. C’est peu dire.

On sent que des choses sont enfouies très profondément dans les textes. On parle vraiment de chansons bien que l’ensemble soit indissociable de son univers. Les textes prennent sens dans l’ambiance, l’ambiance ne peut exister sans ses maux mis en mots. L’opus se termine sur un « Something About You » un peu à la Jeff Buckley. Si vous aimez ce dernier d’ailleurs, King Dude pourrait vous parler.

Il est actuellement le dernier artiste que j’ai eu la chance de voir sur scène suite au confinement. C’était fabuleux et il fait partie des tout grands de ce monde. Comme une relève de Nick Cave. Ce disque prend vie sur scène, on lui met un visage et une expression. Et si cette sorcière n’était pas le malaise qui nous ronge de l’intérieure et que l’on veut rencontrer au final ? Si ce live devait être le dernier d’une vie, je serais parti avec cette voix superbe et ce disque dans mes enfers.

Bonne écoute

  •  Tiph

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