Rédacteur en chef et Fondateur de NMH. Spécialisé dans le post-rock, l'ambient, le post-metal, le psychédélique et la musique progressive en général.

Écrire une chronique sur un album de Boards of Canada en général n’est pas une chose aisée. La musique du duo écossais n’est en effet pas vraiment accessible à la première écoute. En revanche, lorsqu’on se laisse imprégner par l’univers du groupe, leurs ambiances ne peuvent laisser l’auditeur de marbre. Chaque réaction sera différente et je ne peux que vous donner mon avis qui, peu importe la chronique, reste subjectif et non universel. Vous trouverez d’ailleurs sur le net autant de chroniques positives que négatives sur cet album. Voici la mienne…

Le duo écossais de Boards of Canada

Huit ans, c’est ce qu’il a fallu à Boards of Canada pour nous produire, en 2013, une nouvelle œuvre d’art dont eux seuls ont le secret. Ces deux Écossais assez énigmatiques ont mené d’une main de maître une campagne de pub mystérieuse avant de nous fournir leur dernière merveille : Tomorrow’s Harvest. Merveille vous dis-je ? Peut-être bien plus que ça.

Voici un album qui ne sera pas à la portée du premier venu. S’il est, comme je le conseille dans la plupart de mes chroniques, toujours judicieux d’écouter entièrement un disque avant de juger quoi que ce soit, celui-ci sera difficile à s’approprier d’une traite étant donné la complexité de l’œuvre. Arborant une couverture somptueuse dépeignant un San Francisco sous un lever de soleil, ce dernier n’apparait musicalement qu’à plus ou moins la moitié de l’album tant cet album est sombre et anxieux.

Peu de titres joyeux se trouvent sur ce disque, mais Boards of Canada n’a jamais fait dans les Bisounours. Ici, on est loin des rythmiques hip-hop de certains albums précédents (The Campfire Headphase ou Music Has the Right to Children) et on se rapproche d’un style plus sobre, moins canalisé, agrémenté de passages parfois sans rythme, dépourvu de couleurs. Est-ce que cela en fait une musique inintéressante ? Non, bien au contraire, le duo écossais se réinvente, plus mature et plus sûr que jamais.

Les premiers morceaux sont moins lumineux que la suite (« Reach For The Dead » au titre évocateur en est un exemple), la première moitié du disque est très sombre et angoissante parfois, surtout à l’écoute de : « Collapse », « Telepath » et « White Cyclosa » notamment. Seuls « Cold Earth » et « Sick Times » apportent un rayon de soleil discret à cette première partie, et encore…

Cela dit, la seconde moitié n’est pas non plus un exemple de joie excessive, mais dès l’écoute de « Palace Posy », une sorte de marche rythmique à l’ambiance épurée, le ton change. « Split Your Infinities » et « Nothing is Real » sont un exemple parmi les autres pour décrire ce changement, néanmoins la musique semble toujours angoissante (« Uritual » ne fait qu’assombrir le tout). Le coup de cœur se trouve bel et bien dans la seconde partie de l’album pour moi : il s’agit de « New Seeds », sublime morceau d’un peu plus de cinq minutes. Je n’aurais peut-être pas aimé ce morceau autant que je l’aime à présent s’il était placé au début du disque. En effet, il est situé à la fin comme pour nous permettre une pause à l’écoute entière du disque et c’est une véritable bouffée d’oxygène tant cet album est stressant.

Ce n’est qu’une courte remontée à la surface, car on termine avec « Semena Mertvykh », un morceau d’ambiance très calme et peu édulcoré, c’est le moins qu’on puisse dire, histoire de ne pas sortir indemne après l’écoute intégrale de cette… pure merveille. Vous ressortirez probablement changés après avoir parcouru ce chemin semé d’embuches qui vous inciteront parfois à troquer ce disque contre quelque chose de plus accessible (j’espère cependant que vous ne succomberez pas à la tentation !).

Dieu sait si j’aime les expériences musicales particulières et avec ce nouveau Boards of Canada, c’est chose faite, en 2013, ère où la population préfère qu’on lui serve un morceau easy-listening à la radio. Monsieur tout-le monde évite ainsi de se creuser la tête à explorer la vaste jungle musicale qui les entoure, ce qui, pourtant, pourrait leur apprendre que ce monde est riche de diversité et d’ouverture. Un disque à découvrir, à redécouvrir ensuite, à aimer ou à détester, à vous de voir.

 

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