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En 2006, Justin Vernon passe l’une des pires années de son existence : son groupe DeYamond se sépare et sa fiancée décide d’annuler leur mariage et intrinsèquement de mettre un terme à leur relation. Justin, désemparé, n’a alors qu’une seule envie en tête : partir loin, s’isoler de tout. Il passe l’hiver seul, soit plus de trois mois dans un chalet niché au fin fond d’un bois enneigé du Wisconsin, avec sa guitare pour unique compagnie. En vivant cette expérience solitaire semblable à celle de Christopher McCandless (Into The Wild), l’envie d’extérioriser son mal-être en musique apparaît rapidement. Pour mener à bien son projet, Justin emploie le pseudonyme français Bon Iver, délaissant le « h » du début du mot « hiver ». Une façon de souligner l’abandon dont il est victime, dépourvu de son Emma qu’il considérait comme sa « chaleur ».

For Emma, Forever Ago est donc un album profondément mélancolique où Justin Vernon y étale toute sa tristesse et son désespoir sur l’amour qu’il vient de perdre au travers de poèmes pessimistes. Il a choisi de les mettre en musique sous un genre qui lui colle à la peau : une folk très épurée où sa guitare acoustique accompagnée de son chant sont maîtres. Quelques touches ambiantes parsèment certains morceaux (grosse caisse, caisse clair, sons acoustiques, etc.) ainsi que de nombreux jeux de voix qui confèrent à la musique un son unique et d’une justesse délectable.

« Fume », qui ouvre l’album de façon merveilleuse, amorce le caractère désespéré de l’album pour laisser s’enchaîner des complaintes toutes plus belles les unes que les autres. « Lump Sum », « The Wolves (Act I and II) » ou encore « Creature Fear » en sont d’excellents exemples. Seul « For Emma » clôturant l’album est, étonnamment, plus enjouée. Signe que Justin opère un gros travail psychologique. For Emma, Forever Ago intervient dans une partie de sa cure, c’est certain.

Désormais classique de la folk mélancolique, la galette ne s’arrête pas qu’à la tristesse d’un amour perdu mais reprend aussi les thèmes de la déprime et de la nostalgie que peut nous procurer l’hiver. Difficile d’aller trouver un quelconque défaut face à un travail aussi intimiste et rondement mené. For Emma, Forever Ago délivre suffisamment d’émotions pour qu’on y succombe sans se forcer et que l’on s’y replonge inlassablement.

  • Alessandro

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